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Le Monde des Insectes

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ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Apterograeffea, un nouveau genre de Phasme de la Réunion et de l’île Ronde (Phasmatodea,Platycraninae)
bulletin de la société entomologique de France, 107 (4),2002:387-395 (Extraits - merci à Nicolas Cliquennois pour son autorisation.)
vendredi 10 février 2006
par Arno , Nicolas C
*96 CD 29, Montvert-les-Bas, 97410 Saint-Pierre, Réunion nicolas.cliquennois@wanadoo.fr ** "Papillon", 40 Thorndike Road, Slough, SL2 1SR, Royaume-Uni pbrock@wexhamcourt.slough.sch.uk

Résumé. - Deux nouvelles espèces de Phasmes aptères de l’île de la Réunion et de l’île Ronde (au nord de l’île Maurice) sont décrites au sein d’un nouveau genre, Apterograeffea, apparenté à Graeffea Brunner, 1868. A. reunionensis n. sp. est désigné comme l’espèce-type de ce genre. Ommatopseudes Günther, 1942, est transféré de la famille des Phasmatidae, sous-famille des Platycraninae, à la famille des Aschiphasmatidae, sous-famille des Aschiphasmatinae.

Summary. - Apterograeffea, a new genus of stick insect of Réunion and Round Island (Phasmatodea, Platycraninae). Two new wingless species of stick insects from Réunion and Round Island (north of Mauritius) are described in a new genus Apterograeffea. A. reunionensis n. sp., is designated as the type species for this genus, which is related to Graeffea Brunner, 1868. Ommatopseudes Günther, 1942 is transferred front the family Phasmatidae, subfamily Platycraninae to the family Aschiphasmatidae, subfamily Aschiphasmatinae

Les phasmes des Mascareignes (Réunion, Maurice et les îles voisines) ont très peu été étudiés jusqu’à nos jours. Depuis la description de deux nouvelles espèces de Monandroptera Audinet-Serville, 1838, par REDTENBACHER en 1908, aucune étude taxonomique ne leur a été consacrée ; les derniers travaux en date sont les trois listes qui recensent les espèces présentes sur ces îles (Maurice et Rodrigues, ORIAN, 1957 ; Réunion, CHOPARD, 1957 ; et VINSON, 1968, pour l’ensemble des Mascareignes) en se fondant essentiellement sur des données historiques.

Des recherches, menées à la fois sur le terrain ainsi que dans les collections des musées européens, ont permis la découverte de nouvelles espèces. Le présent article, consacré à deux nouvelles espèces placées dans un nouveau genre de la sous-famille des Platycraninae, inaugure nos travaux sur les phasmes de la Réunion et de Maurice, faune d’un intérêt exceptionnel.

Biologie et distribution - Plante-hôte habituelle des Platycraninae, les palmiers ont eu beaucoup à souffrir de leur exploitation intensive à la Réunion. Ainsi, sur les quatre espèces indigènes, trois étaient très communes (MOORE Jr. & GuÉHo, 1984) : deux palmiers des basses altitudes, le latanier rouge (Latania lontaroides) et le palmiste blanc (Dictyosperma album), sont en voie de disparition à l’état sauvage ; c’est sur la troisième, le palmiste rouge (Acanthophcenix rubra) que tous les spécimens d’Apterograeffea reunionensis, assez communs, ont été observés, parfois en train de consommer ses feuilles. Ce palmier, grâce à une aire de réparti­tion plus large, a réussi à se maintenir dans quelques coins des hauts de l’île, mais souvent sous une forme juvénile à cause du braconnage (son coeur est un mets très prisé) dont il est toujours victime. C’était un palmier très commun des forêts de moyenne altitude, mais il ne survit quasiment plus que dans des lieux difficiles d’accès tels que les "remparts" (parois rocheuses) et les fourrés très humides à Pandanus, formation végétale d’altitude particulière à la Réunion. La menace qui pèse sur les palmistes est inquiétante pour la survie de cette nouvelle espèce de phasme qui ne pourrait que s’éteindre si sa plante nourricière venait à disparaître de son milieu naturel.

L’aire de répartition de notre nouvelle espèce était donc sans doute plus large à l’origine qu’elle ne l’est aujourd’hui : A. reunionensis n’est connu actuellement que des pentes sud du massif de la Fournaise (hauts de Basse-Vallée, Brûlé du Baril, forêt de Mare-Longue, tous lieux sur la commune de Saint-Philippe et hauts de Jacques-Payet, commune de Saint­Joseph), de la forêt communale des hauts de Bras-Panon (est de l’île) et de la forêt de Bébour (sentier Îlet-à-Bananes et piton de Bébour), à partir de 500 mètres (là où l’on commence à trouver des palmistes) jusqu’à 1350 mètres d’altitude. En outre, des mangeures caractéristiques (en forme de trapèze, ce qui est inaccoutumé pour les phasmes) sur des feuilles de palmistes ont été constatées sur les Mornes de l’Étang (est, vers 950 mètres), à Grand-Étang (est, vers 500 mètres) et dans le bois du Bon-Accueil, sentier du Malbar-mort, dans le quartier des Makes (sud-ouest, vers 1000 mètres) ; mais il est probable que l’on retrouve l’espèce partout où Acanthophœnix rubra a pu se maintenir, c’est-à-dire dans les hauts des pentes sud et est du massif de la Fournaise et dans les hauts de l’Est

Les deux spécimens d’Apterograeffea marshallae récoltés en 2002 ont été découverts accouplés dans la palmeraie, très dégradée, qui subsiste à l’île Ronde, sur un latanier bleu (Latania loddigesii) qui constitue probablement leur plante nourricière. A. marshallae existe peut-être, ou a pu exister, sur l’île Maurice elle-même où se trouvait le même type de palmeraies qu’à l’île Ronde.

Les Platycraninae de l’océan indien

La grande majorité des représentants de la sous-famille des Platycraninae se rencontre en Océanie ainsi que dans le Sud-Est et l’Est asiatiques ; cependant l’on trouve également une espèce aux Seychelles, Graeffea seychellensis Ferrière, 1912, et une autre à l’île Rodrigues, Xenomaches incommodus (Butler, 1876) que VINSON (1868) signalé également sur l’île Ronde, loin de leur aire géographique d’origine. La découverte de deux nouvelles espèces de cette sous-famille à la Réunion et à l’île Ronde, dans la même partie de l’océan Indien que les îles citées précédemment, ne constitue donc qu’une demi-surprise.

ORIAN (1957) signale en outre la présence à Maurice de plusieurs espèces de Graeffea Brunner, 1868, mais il émet des réserves quant à leur classement générique du fait qu’il se fonde sur des spécimens immatures. VINSON (1968) évoque également la capture de petits phasmes dans les forêts mauriciennes en rappelant l’opinion d’Orian quant à leur statut taxo­nomique. Nos recherches, menées dans les collections de Vinson à l’île Maurice et au Natural History Museum, Londres, où sont déposés des spécimens de la collection Orian, afin de retrouver les spécimens mentionnés par ces deux auteurs, ont été vaines (*). Des chasses nocturnes entreprises dans la forêt mauricienne au début de 2001 ont permis la capture de spécimens appartenant à trois espèces inconnues correspondant probablement à celles évoquées par Orian et par Vinson ; or, aucune d’elles n’appartient à la sous-famille des Platycraninae, la ressemblance avec ces derniers n’étant que superficielle pour deux de ces espèces

Il serait cependant surprenant, compte tenu de sa présence sur les îles voisines, que cette sous-famille n’ait pas atteint Maurice, la plus âgée des îles de l’archipel ; mais, en considérant que la plupart des plantes-hôtes connues des Platycraninae sont des palmiers et que, par l’action de l’Homme, les espèces de palmiers indigènes de Maurice ont disparu à l’état sauvage, et ce certainement bien avant les recherches effectuées par Orian et Vinson, il est fortement concevable qu’une espèce de cette sous-famille ait pu disparaître de cette île. Enfin, il est à noter qu’aucune espèce de Platycraninae n’est connue de l’île de Madagascar.

(*)Dans les collections du Ministère de l’Agriculture de Maurice se trouve un spécimen étiqueté Graeffea sp., mais il s’agit en fait de Sipyloidea sipylus (Westwood, 1859).

voir dans la Galerie : Apterograeffea marshallae , Apterograeffea reunionensis