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Le Monde des Insectes

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Il privilégie un esprit de convivialité, sans imposer de hiérarchie officielle, pour que les discussions puissent s’enrichir librement aussi bien des erreurs des uns que des explications patientes de ceux qui en connaissent plus.

ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Lonchodes amaurops
Westwood, 1859 (P.S.G. N° 100)
dimanche 29 octobre 2006
par Arno

P. Bragg - Traduit de l’anglais par S. Mallet

LE MONDE DES PHASMES n°13 (Mai 1991).

CLASSIFICATION :

La femelle a été décrite sous le nom de Lonchodes amaurops et dessinée par Westwood (Westwood 1859). Bates (Bates 1865) décrivit le mâle sous le nom de L. dispar. Cependant, il omit de mentionner l’épine qui est présente sur la bordure postérieure du cinquième segment abdominal. Cet oubli permit à Günther (Günther . 1932) de mettre à tort en synonymie L. dispar et L. pterodactylus Gray.

HISTORIQUE :

J’ai récolté 2 femelles et 3 mâles jeunes au troisième stade) au parc national de Bako, au Sarawak en décembre 1987 (Bragg 1988). Ils se trouvaient sur des arbustes, à environ un mètre de haut ou au repos sur les plantes au niveau du sol. Une femelle est morte quelques jours après sa dernière mue, la survivante fut à la base d’une colonie prospère. D’autres spécimens furent récoltés en plus grand nombre par Patrick van der Stigchel et moi même dans plusieurs autres localités en Juillet et Août 1989.

AIRE DE REPARTITION :

L’espèce semble largement répandue et abondante au Sarawak dans la région de Kuching. Je l’ai trouvée dans la forêt primaire à Bako, dans la forêt secondaire sur le mont Santubong, au bord de la route au mont Serapi et dans une zone cultivée au village de Bengoh. En 1990, j’ai également trouvé quelques jeunes dans la forêt secondaire près de Kapit qui sembleraient être L. amaurops.

ADULTES :

Comme chez tous les Lonchodes, les deux sexes sont aptères, longs, fins et. à allure de brindille. Cette espèce est caractérisée par la présence chez les deux sexes d’une épine à la bordure postérieure du cinquième segment abdominal. Il faut noter que le premier segment abdominal est soudé au métathorax et que par conséquent, ce qui semble être le quatrième segment est en fait le cinquième. Les deux sexes ont quatre épines notables à l’intérieur de l’articulation de la. patte médiane. La femelle est très polymorphe. Le mâle apparaît sous deux formes de coloration distinctes. La forme dispar qui correspond à la couleur du L. dispar de Bates et la forme viridis qui est verte. Ils ne présentent généralement que peu de variation de taille ; le tableau suivant montre les extrêmes obtenus sur environ 100 spécimens.

Taille (mm)MâleFemelle1° stade
Longueur du corps76-9292-11116
Antennes59-6537-447
Patte antérieure51-5745-509
Patte médiane33-3631-348
Patte postérieure44-4841-469

Bien que le mâle ait toujours une épine sur l’abdomen (voir figure), parfois elle se résume à un petit tubercule et ne se voit qu’au microscope. Il y a généralement deux petites épines sur le sommet de la tête. Les mâles de Bako et du mont Santubong sont tous de la forme dispar alors que ceux de Bengoh et du mont Serapi sont de la forme viridis.

Les mâles de la forme viridis sont généralement d’un vert brillant sur tout le corps et les pattes. Cependant on note parfois quelques variations. Certains spécimens ont les fémurs antérieurs rouges et les postérieurs oranges. D’autres ont une nuance rougeâtre sur les fémurs antérieurs et postérieurs. Dans ces cas, il y a toujours du vert à l’extrémité des tibias et toujours une petite tache rouge ou orange à l’articulation entre fémur et tibia.

Les mâles de la forme dispar sont brun clair et vert bleuâtre. La couleur de fond est brun clair et le vert bleuâtre forme une large ligne brisée sur la face dorsale. On retrouve cette bande sur la tête, sur les 4/5 ème antérieurs du mésothorax, la première moitié du métathorax et les segment abdominaux 2 à 7. Les pattes sont vert bleuâtre avec, autour de l’articulation et souvent sur l’articulation elle même, une teinte rouge ou orange.

La femelle a une épaisseur presque uniforme de 7 mm environ. La surface du corps est rugueuse avec, chez certains spé­cimens, de grosses granulations sur le mé­sothorax. Le sixième segment abdominal présente généralement une protubérance verruqueuse bien développée. Celle-ci varie beaucoup en taille et forme ; elle peut être plus large que le corps ou si petite qu’elle est très difficile à voir. L’épine du cinquième segment varie également en largeur, longueur et cour­bure (voir dessins). Les spécimens de Bengoh et du mont Serapi montrent également des variations à l’arrière du métathorax et à l’extrémité de l’abdomen. On observe parfois un sillon ou une crête, variable en taille, à l’extrémité postérieure dl1 mésothorax et plus rarement sur le 9ème segment abdominal.

Les femelles de toutes les localités présentent des variations de coloration mais, comme pour les mâles, les spécimens originaires de Bako sont moins variables.

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Femelle et mâle

Sans aucun doute, ces variations sont d’ordre génétique et la faible variabilité des spécimens originaires de Bako est due au fait que le stock a été démarré à partir d’une seule femelle. Leur coloration est claire dans la première moitié du corps avec des marbrures noires en partie postérieure. La plupart des femelles sont brun clair antérieurement comme chez le spécimen de Westwood, mais d’autres sont brun sombre. La couleur des femelles des autres localités inclue plusieurs nuances de gris mais toujours avec tendance à l’éclaircissement de la partie antérieure. Certains spécimens de Bengoh ont des bandes sombres courant de long du corps.

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Métathorax et abdomen du mâle
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A à D : Vue latérale de l’épine et de la protubérance verruqueuse des femelles.
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A à D : Vue dorsale correspondante des épines (verrue non dessinée).

OEUFS :

Les oeufs de L. amaurops sont variables en taille, couleur et ornementation de la surface. Superficiellement ils ressemblent à ceux de Carausius morosus.

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Oeuf, vue latérale et dorsale

La couleur de base varie du brun sombre au gris. La surface est couverte de rides sombres qui peuvent être si nombreuses qu’elle apparaît comme criblée de minuscules trous (voir dessin). L’oeuf mesure 3,5 mm de long, 2,5 mm de large et 2 mm d’épaisseur. La plaque micropylaire forme une bande crème sur la face dorsale. L’opercule, presque plat, est surmonté par un capitulum orange très net. L’extrémité opposée est arrondie et se prolonge par une pointe émoussée d’un diamètre de 0,7 mm et variable en longueur (0,5mm en moyenne). Certains oeufs paraissent plus plats que d’autres, principalement à cause de ce prolongement qui est plus long avec une longueur totale de l’oeuf inchangée. Souvent, ce prolongement apparaît brun clair car les rides sombres en sont absentes.

La première femelle de Bako a pondu en tout 282 oeufs avec une moyenne de 4,51 oeufs par 24 heures à 15-25°C. Le taux d’éclosion est élevé (jusqu’à 80%) et la survie des jeunes presque de 100%. Je conserve mes oeufs dans des clayettes de bois (Bragg 1987) placées à l’humidité au fond de la cage d’élevage.

JEUNES :

Les jeunes à la naissance sont mouchetés de brun et de vert. Les antennes sont brunes avec l’extrémité claire. Ils sont similaires en apparence à des jeunes Phenacephorus cornucervi. Le vert domine au second et troisième stade. La couleur des stades suivants change suivant le sexe. Les jeunes sont assez faciles à sexer à partir du quatrième stade. Une protubérance au niveau du sixième segment abdominal indique une femelle. Les jeunes grandissent lentement quand ils ne sont pas chauffés. La durée de vie est d’environ un an. Les adultes vivent environ trois mois à température, élevée, et jusqu’à 6 mois et plus en hiver.

COMPORTEMENT :

L’accouplement est assez -fréquent mais ne dure généralement pas plus de quelques heures. En une occasion, j’ai pu observer deux mâles s’accouplant semble-t-il avec succès en même temps avec la même femelle. Durant la journée, leur moyen de défense semble se limiter à leur excellent camouflage. Ils restent généralement immobiles sur leur plante nourricière, les pattes repliées le long du corps. Si on les saisit brusquement, ils feignent la mort. Si on les manipule de nuit, ils font de même ou se laissent tomber au sol et s’enfuient.


BIBLIOGRAPHIE :

- Bates -H.W. (1985) : Description of fifty-two new species of Phasmidae from the collection of Mr. W. Wilson Sauders With remarks on the family. Trans. Linn. SQc. Lon., 25 (1) : 337.

- Bragg P.(1987 a) : Eggs Trays. P.S.G. Newsletter, 31 : 2.

- Bragg P.(1987 b) : Cage construction. P.S.G. Newsletter, 32 : 8-9.

- Bragg P.(1988) : New imports from Sarawak. P.S.G. Newsletter, 35 : 7.

- Günther K. (1932) : Revision des genus Lonchodes (Gray). Eos Madrid, 8 : 381.

- Westwood J.O. (1859) : Catalogue of the Phasmidae in the collection of the British Museum. London, page 43, pl. XXIV Fig. 10.

 
Post Scriptum :
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