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Le Monde des Insectes

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ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Jet défensif d’un phasme
Anisomorpha buprestoides - Stoll,1813 - PSEUDOPHASMATINAE
jeudi 9 février 2006
par Arno


Thomas Eisner Department of Entomology Cornell University, Ithaca New York

(Traduction avec l’autorisation de l’auteur)

Résumé : Le phasme Anisomorpha buprestoides, a deux glandes défensives dans son thorax desquelles il éjecte un jet défensif comme un pulvérisateur une fois dérangé. La stimulation de contact est le déclenchement habituel pour la décharge, mais les oiseaux peuvent obtenir le jet en approchant simplement l’insecte. La sécrétion a prouvé sa force de dissuasion sur des fourmis, coléoptères , souris, et le Geai bleu (Cyanocitta cristata) un corvidé également appelé Geai d’Amérique, mais pas sur un Opossum.


Le grand phasme méridional, Anisomorpha buprestoides, est connu pour pulvériser un jet défensif quand il est dérangé. La sécrétion est lacrymogène et ses vapeurs, une fois inhalées, sont très irritantes.
Le principe actif est l’anisomorphal, c’est un terpène dialdéhyde, chimiquement allié au nepetalactone (Terpène) et à certains autres cyclopentanoïdes monoterpènes produits par des insectes et des plantes.
Cet article traite des améliorations adaptatives remarquables de ce mécanisme chimique de la défense.

La sécrétion est produite et stockée dans deux glandes allongées situées dans le prothorax , l’ouverture étant juste derrière la tête. La décharge est réalisée par les muscles qui entourent les glandes et servant de compresseurs. Les deux sexes possèdent ces glandes fonctionnelles.

Les décharges défensives des Anisomorpha sont en réponse immédiate à une stimulation traumatique légère comme, par exemple, quand différentes pattes sont pincées par un forceps, ou quand le corps est tapé ou constamment touché. Sur un fond foncé, le jet est clairement mis en évidence. L’éjection est produite par une des glandes ou les deux, selon que le stimulus est appliqué unilatéralement ou bilatéralement. La projection est précise : le jet atteint invariablement l’instrument utilisé pour la stimulation.

Cinq décharges bilatérales consécutives peuvent être obtenues d’une femelle d’adulte avant que les glandes soient épuisées. La recharge est reconstituée en 7 à 15 jours.

Le mâle est considérablement plus petit et pulvérise habituellement seulement une ou deux fois. Celui-ci est presque toujours trouvé sur la femelle, même hors accouplement. Les 2 sexes sont d’ailleurs fréquemment rencontrés accouplés avant même que le stade adulte ne soit atteint !

De là à supposer qu’ils "associent leurs ressources défensives "... (justification d’adaptation).
Cette hypothèse reste à vérifier.


Pour déterminer l’efficacité défensive du jet, différentes femelles adulte d’Anisomorpha ont été offertes à une variété de prédateurs mis en cage, y compris des fourmis (Formica exsectoides, Pogonomyrmex badius), de coléoptères (Calosoma prominens), de souris (Peromyscus leucopus), d’un opossum (Marmosa demararae), et de Geais bleus (Cyanocitta cristata).

  • Les fourmis et les coléoptères ont été immédiatement repoussés par les décharges induites à chaque fois qu’ils ont mordu une des annexes des Phasmes.
  • Les souris ont approché les Phasmes et les ont reniflé, au contact elles ont été promptement aspergées et se sont enfuies.

Le jet a eu pour conséquence de provoquer des activités de toilettage prononcé chez ces trois types de prédateurs (mais en aucun cas, des effets permanents n’ont été discernables). Certains Anisomorpha dont les glandes étaient épuisées ont été prédatés.

  • L’Opossum s’est avéré être un prédateur exceptionnellement persévérant.
    Lançant tout d’abord ses attaques en saisissant le phasme dans ses mâchoires, il a été en conséquence invariablement aspergé sur la tête.
    Un malaise évident a alors pu être observé chez l’opossum, essayant de se nettoyer de la sécrétion en frottant son museau sur le plancher du vivarium. Néanmoins, l’insecte n’a jamais été lâché mais toujours retenu avec une des pattes antérieures.
    Maintenu de cette façon, le phasme a continué à pulvériser l’Opossum. Cependant, ses décharges visaient dès lors la patte de l’opossum (relativement peu sensible) et manquaient les yeux et le museau. Par la suite, les jets défensifs ayant été inefficacement dépensés de cette façon, le phasme était mangé.
    Des phasmes additionnels ont été offerts quotidiennement pendant une semaine, mais les résultats sont demeurés globalement identiques : l’opossum n’est pas devenu moins agressif avec le temps.
  • Les résultats avec les oiseaux ("Geais bleus") ont prouvés la grande efficacité de ce système de défense face à ces prédateurs.
    15 Geais sur 21 exemplaires ont reçu un jet défensif avant même qu’ils n’aient pu réellement entrer en contact avec les phasmes.
    Parfois les oiseaux ont été aspergés instantanément dès qu’ils sont descendus de leur perchoir et sont arrivés auprès des insectes. D’autres fois, ils ont pu inspecter les phasmes mais ont été aspergés avant même de tenter de les capturer.
    Au moment de la décharge, l’oiseau était toujours à 20 cm environ de l’insecte, ce qui est donc tout à fait en conformité avec les distances de projections observées (30 à 40 cm en moyenne).
    Plusieurs capacités sensorielles des Anisomorpha sont donc à considérer en terme de reconnaissance de l’oiseau. Il est évident que les combinaisons des activités vibratoires et visuelles sont impliquées. En laboratoire, les tentatives pour obtenir des décharges en faisant onduler un objet à proximité des phasmes, en tapant le sol autour d’eux, ou en faisant les deux simultanément ont par contre presque toujours été vouées à l’échec...
    En de rares occasions la main faisant onduler un objet a été aspergée ou atteinte lors de la saisie d’un phasme. En laboratoire les individus produisent parfois un jet défensif lorsque les vivariums sont simplement secoués ou ouverts mais, en règle générale, les animaux ne déchargent jamais avant tout contact physique.
    Un Geai bleu est cependant trahi par ses propres caractéristiques.
    Une fois frappé par le jet, l’oiseau saute typiquement en arrière, secoue sa tête vigoureusement et essaye de se nettoyer en s’essuyant contre le plumage de son dos ; il se sauve alors et se perche.
    Une fraction de la sécrétion entre alors inévitablement en contact avec les yeux et durant quelques secondes voire quelques minutes, on observe une action de nettoyage-essuyage rapide (un va-et-vient au-dessus des globes oculaires).
    Chaque Geai à rapidement appris à distinguer les Anisomorpha. Dès lors, même lorsque des épreuves consécutives avec le même oiseau ont été espacées par des intervalles de 2 à 3 semaines, celui-ci est parfois resté sur son perchoir et a refusé d’attaquer.

Anisomorpha buprestoides est un insecte principalement nocturne pourtant, les oiseaux semblent bien être parmi ses principaux ennemis naturels.

Aux alentours du lac placide, en Floride, ces insectes sont de temps en temps très abondants pendant l’été et peuvent former des agrégations denses s’alimentant sur divers arbustes la nuit.
Ils continuent de s’alimenter bien au delà de l’aube et puis se camouflent au sein de leurs plantes nourricières dès que la prédation des oiseaux atteint son maximum. Plus tard en journée, ils cherchent à se mettre à l’abri du soleil en se déplaçant à la base des plantes, pour seulement en émerger au retour de l’obscurité.
Dès la naissance les Anisoniorpha sont dotés de glandes défensives et sont capables de les utiliser. En laboratoire, les larves nouvellement nées ont efficacement repoussé les fourmis attaquantes (Pogonomyrmex badius). Puisque les oeufs incubent normalement au niveau du sol, c’est à dire là où les fourmis abondent, ces capacités défensives innées sont une adaptation essentielle à la survie des Anisomorpha.


Thomas Eisner Department of Entomology Cornell University, Ithaca New York
 
Post Scriptum :

References and Notes

1. M. A. Stewart, Can. Entomol. 49, 84 (1937).

2. J. Meinwald, M. S. Chadha, J. J. Hurst, T. Eisner, Tetrahedron Letters 1962-1, 29 (1962).

3 T. Eisner, Science 146, 1318 (19").

4. No live males of Anisomorpha were available when these laboratory tests were made ; it was therefore impossible to compare the fates of isolated and paired sexes.

5. Such cleansing behavior is the typical response of predators to the secretory discharge of their prey : T. Eisner, J. J. Hurst J. Meinwald, Psyche 70, 94 (1963)-, T. Eisner, J. Meinwald, A. Monro. R- Ghent. J. lirsect Physiol. 6, 4 (1961).

6. Study supported by NIH grant AI-02908, by travel stipends from the Sigma Xi RESA Research Fond and the Bache Fund of the National Academy of Sciences. and by an unrestricted gift from the Upjohn Co. 1 thank R. Archbold, Archbold Biological Station, Lake Placid, Fla., for his hospitality white some of this work was done at the Station. F A. McKittrick made the drawings. B. Dane, R. L. Ghent, F. C. Kafatos, G. M. Happ, and R. S. Payne helped collect Anisomorpha and contributed to the field observations. W. L- Brown. Jr., identified the ants : G. G. Goodwin, the opossum ; and F. Werner, the beetles. V. G. Dethier offered helpful criticism of the manuscript. This paper is No. XVII in the series Defense Mechanisms of Arthropodes

9 Match 1965