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Le Monde des Insectes

Le site et le forum insecte.org sont le lieu de rencontre de tous les passionnés d’insectes, quels que soient leur niveau, leur approche et leurs objectifs.

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Il privilégie un esprit de convivialité, sans imposer de hiérarchie officielle, pour que les discussions puissent s’enrichir librement aussi bien des erreurs des uns que des explications patientes de ceux qui en connaissent plus.

ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Les plantes nourricières de la phyllium bioculatum Gray 1832 aux Iles Seychelles
samedi 16 juin 2007
par brunob

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PAT MATYOT - Le monde des phasmes n°7 - Mars 1990

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II existe très peu d’information de première main sur les Phyllies (Phyllium spp) et leurs plantes nourricières à l’état sauvage. La quasi totalité des recherches menées sur ces insectes ont eu lieu in vitro en Europe. Divers auteurs, citant les propos de ceux qui ont récoltés des exemplaires de Ph. bioculatum aux îles Seychelles ont rapportés qu’ils furent trouvés sur des goyaviers (Psidium spp) (Matyot, 1989). Joly (1871) mentionna également le jambosier ou ’’jamrosa’’ (Syzygium jambos = Eugenia jambos). Les seules observations de première main qui nous sont parvenues sont celles de Coquerel (1861), selon lequel les phyllies vivent sur le goyavier Psidium pomiferum, et de Guérard (1891), qui affirme qu’elles se nourrissent "de feuilles de goyaves, et de coeurs de badamiers et de castèques".

Le 11 octobre 1989 je découvris une jeune larve de Ph. bioculatum sur un jambosier (S. jambos) sur la rive ouest du cours d’eau appelé le Grand Saint Louis dans l’île de Mahé, dans une localité à environs 110 m d’altitude située entre Marie Laure (district de Bel Ombre) et Le Niol. L’insecte mesurait 2,1 cm de long et s’agrippait à la surface inférieure d’une feuille, près du bord à environ 1m du sol. La feuille avait été grignotée en plusieurs endroits. D’autres feuilles sur l’arbre portaient les mêmes traces, mais malgré des recherches minutieuses je ne parvins pas à trouver d’autres Phyllies ce jour-là. La larve fut capturée et fait maintenant partie des Phyllies que j’ai en élevage.

Le 17 décembre 1989 je repris mes recherches dans la même station et je découvris deux autres larves sur de jeunes jambosiers à un mètre ou deux du premier. Elles s’agrippaient à des feuilles à environ un mètre et à moins d’un mètre respectivement du sol. Aucune des deux larves ne fut récoltée par souci de conservation de l’espèce.

Le 14 Janvier 1990 je retrouvai ce que je crois être l’une des deux larves du 17 décembre, elle avait subi une mue, mais se trouvait dans pratiquement le même endroit. La branche sur laquelle j’avais observé l’autre larve avait été arrachée de l’arbre et ses feuilles se desséchaient (peut-être le résultat d’un geste maladroit de la part de quelques personnes qui ceuillaient les fruits de cet arbre ?).

De la Phyllie elle même, il n’y avait aucun signe. Par contre je découvris une quatrième larve, plus jeune que celle qui avait disparue, à peu près au même endroit ou j’avais trouvé le premier exemplaire (du 11 octobre).
J’ai pu vérifier que Ph. bioculatum se nourrit de feuilles de S.jambos en captivité. Il est à noter que cet arbre n’est pas indigène aux Seychelles. Il est originaire de l’Asie du Sud-est (Sastre & Portecop 1985) et fut introduit aux Seychelles entre 1771, date du début de la colonisation française, et 1840 année en laquelle il était déjà répandu dans l’île de Mahé (Anon.1844). Il s’est naturalisé dans les endroits où la végétation indigène a été détruite, surtout en bordure de rivière, et est devenue envahissant dans les forêts d’altitude.

Deux mâles de Ph. bioculatum que je capturais au début de Janvier 1990 à Marie Laure (à l’intérieur de ma maison et de celle d’une voisine) se nourrissaient seulement de feuilles de S.Jambos . L’un fût relâché au bout d’une dizaine de jours. L’autre mourut après 17 jours . Une femelle trouvée à Saint Louis qui me fut remise le 29 septembre 1989 se nourrissait de feuilles des plantes qui figurent dans le tableau ci-dessous. Elle mourut le 15 janvier 1990, ayant donc vécu environ 3 mois et demi en captivité. Quant aux larves que j’ai en élevage, je ne leur fournis que des feuilles de S.jambos.

Plantes consommées par une femelle de Ph.bioculatum en captivité :

Nom scientifique Famille Nom créole Seychellois Nom françaisNom anglais
1. Syzygium jambos = Eugénia jambos) Myrtacées Zanbroza JambosierRose-apple
2. Eugenia cumini Myrtacées Zanblon janblon( ?)jambolan , Java plum
3. Psidium guajava Myrtacées Gro gouyav Goyavier guava
4. Psidium littorale (= P. cattlejanum) Myrtacées Gouyav de sin (pti gouyav) Goyavier Chinese guava - strawberry guava
5. Mangifera indica Anacardiacées mang manguier mango
6. Anacardium occidentale Anacardiacées Kazou anacardier cashew
7. Terminalia catappa Combretacées bodanmyen badamier Indian almond
8. Artocarpus heterophyllus Moracées Zak Jacquier Jackfruit

NB :
- 1. Seul le badamier (Terminalia catappa) est indigène aux Seychelles.
- 2. La femelle en question a refusé les feuilles des plantes suivantes :

Nom scientifique Famille Nom créole Seychellois Nom françaisNom anglais
1. Citrus sp. Rutacées Zoranz oranger orange
2. Sandoricum koetjape Meliacées santol  ?  ?
3. Annona muricata Annonacées Krosol , korosol , Korsol corrosolier soursop
4. Flacourtia ramontchi Flacourtiacées prin-di-pei  ? Madagascar or indian
5. Barringtonia racemosa Lecythidacées bonnen kare-d-rivyer, bwa mare gran fey  ?  ?

Les Phyllies ont été trouvées sur des goyaviers (Psidium spp.) non seulement aux Seychelles mais également au Sri Lanka (Morton,1903) et en Indonésie (Bergman,1954). ’ On a constaté qu’elles se nourrissent de feuilles de goyavier en captivité en Inde (Murray, 1856), en Malaisie (Michael Yeh, communication personnelle) et en Europe (Morton 1903, Foucher 1916, etc..) . Ceci a amené plusieurs auteurs à conclure qu’il existe une sorte d’association entre le genre Phyllium et les Goyaviers.
Ainsi Foucher (1916) déclare que la forme de la femelle de Ph. bioculatum "est exactement semblable à celle d’une feuille de goyavier, sa nourriture préférée". Bergman (1954) trouve que les larves de Ph. pulchrifolium nouvellement écloses " sont de la même couleur rosâtre que les jeunes feuilles de Psidium". Ces auteurs semblent laisser entendre une possible "co-évolution" entre l’insecte et la plante.

Ceci n’est pas possible puisque , tandis que le genre Phyllium provient de l’Asie et des Seychelles, les goyaviers (Psidium guajava, P.littorale, etc) sont originaires d’Amérique tropicale continentale (Sastre & Portecop,1985) et furent donc introduits dans les pays où l’on trouve des Phyllies. Avant cette introduction, les Phyllies devaient donc se nourrir de feuilles de plantes indigènes de ces pays. Il s’agit peut-être d’autres plantes de la famille des Myrtacées.

BIBLIOGRAPHIE

- ANONYME.1844 . Thé Seychelles in 1840. Thé Mauritius Watchman, 16 Juillet 27 Août 1844. In journal of thé Seychelles Society,no 5 (Oct.1966) : 54-64.
- BERGMAN ,B.H.H.1954 .Some notes on a leaf insect.Idea (Journal of thé entomological Society of Indonesia), 10 (3) :30-32.
- COQUEREL ,C.1861 .Orthoptères de Bourbon et de Madagascar.Ann.Soc.ent.Fr, 1 : 495-499.
- FOUCHER,G. 1916.Etudes biologiques sur quelques orthoptères :Phyllium bioculatum Gray =Ph.scythe Gray de Ceylan.Bull.Soc. nat.Acclim.Fr. 63 : 1-31.. »
- GUEPARD,P.-J.1891.Sept années aux Seychelles.Kobert, st Valéry sur Somme.
- JOLY.N.1871 .Contribution à l’histoire naturelle et à l’anatomie de la mouche-feuille des îles Seychelles . Mem.Acad.Sci. Toulouse , 3 :1-30.
- MATYOT.P.1989. La phyllie Phyllium bioculatum Gray.1832 aux îles Seychelles Revue du groupe d’Etude des phasmes, no. 6 (Dec 1989):4-13.
- MORTON, W.1903.Notes sur l’élevage des phyllies .Bull.Soc.Vaud.Sc.nat..., 39 : 401-407 -MURRAY, A.1856 . Notice of thé leaf insect (Phyllium scythe) lately bred in the Royal Botanical Garden of Edinburgh.edind.new philos.J., 3 : 96-111.
- ROBERTSON, S.A 1989 . Flowering plants of seychelles. Royal Botanic Gardens ,Kew.
- SASTRE, C. & PORTECOP.J. 1985. Plantes fabuleuses des Antilles. Editions Caribéennes ; Paris.

 
Post Scriptum :
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