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ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Centrophasma hadrillus (Westwood, 1859) P.S.G. n° 146
vendredi 24 novembre 2006
par brunob

Phil Bragg

LE MONDE DES PHASMES n° 30 (Juin 1995)

Article paru dans Phasmid Studies, 3(2) : 23-27.

Traduction Frédéric Langlois

Mots-clés : Centema hadrillus, P.S.G. n° 146, Distribution, Bornéo, Elevage, Description

Cette espèce fut décrite pour la première fois par Westwood en 1859, à partir de quatre spécimens collectés au Sarawak ( un adulte et trois jeunes). Lorsqu’il établi le genre Lopaphus (Westwood, 1859 : 99), il commenta que ce genre était plutôt artificiel et qu’il incluait de nombreuses formes différentes. Depuis, neuf espèces de ce genre ont été reclassées dans huit genres différents ! C. hadrillus semble être assez commun et a été cité à plusieurs reprises sans diverses publications.

  • Lopaphus hadrillus Westwood, 1859 : 100, pi. 28-4.
  • Lopaphus ( ?) hadrillus (Westwood), Kirby, 1904 : 306.
  • Centema hadrillus (Westwood), Redtenbacher, 1908 : 490.
  • Centema hadrillus (Westwood), Gunther, 1935 : 11.
  • Centema hadrillus (Westwood), Gunther, 1943 : 155.
  • Centema hadrillus (Westwood), Bragg, 1993 : 40 (Lectotype désigné).
  • Centema longipennis Gunther, 1944 : 78 (déclaré synonyme par Bragg 1993 : 40).

ORIGINE DES SOUCHES

Les souches du P.S.G. proviennent de deux sites différents : Badas, au Brunei et Simunjan, au Sarawak. Il existe quelques différences entre les deux souches et certains prennent garde à les élever séparément. La souche de Simunjan est issue d’une femelle trouvée par Ian Abercrombie et moi-même en 1991. La souche originaire de Badas a été collectée par Mel Herbert.

DISTRIBUTION

Cette espèce semble être largement répartie à Bornéo et elle se trouve communément dans plusieurs endroits. Je l’ai capturée dans huit localités, au Sarawak, au Brunei et au Kalimantan. La carte de répartition (Fig. 1) représente mes propres observations ainsi qu’une donnée (Batu Tiban) publiée par Gunther en 1935. Je n’ai pas pu localiser exactement deux autres stations citées par Gunther, sur la rivière Kapam au nord-est du Sarawak, représentée par une ligne pointillée et Smitan située sur la rivière Mahakan au Kalimantan. Le Muséum du Sarawak possède trois spécimens, mais un seul est rattaché au site de Sadong, la rivière coulant près de Simunjan.

A Tarum, au Sarawak (11°28’E - 001°34’N) C. hadrillus était très commun, avec environ une douzaine d’individus à différents stades trouvée en une seule soirée. Le Muséum d’Histoire Naturelle de Londres possède plusieurs spécimens collectés par Alan Harman en 1980 au Parc National de Niah, au Sarawak, où j’ai capturé deux femelles en 1992. Mel Herbert a observé que C. hadrillus était assez commun à Badas, au Brunei. Ailleurs, où il a été trouvé, seulement un seul individu a été collecté.

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LES ADULTES (FIG. 2)

Les mâles ainsi que les femelles sont assez épineux, cependant le nombre et la taille de ces épines sont variables. Les deux sexes sont ailés. Les ailes des femelles, non fonctionnelles, ne dépassent pas l’extrémité du deuxième segment abdominal. Les mâles, eux, peuvent voler, car leurs ailes, plus grandes, atteignent l’extrémité du sixième segment abdominal.

La tête est pourvue d’épines sur le dessus et le dessous. Les individus de Simunjan sont armés de deux grandes épines ainsi que de petites et de moyennes. La plupart des autres individus ne possèdent que de toutes petites épines. Le pronotum comprend toujours une paire de grandes épines sur sa partie antérieure, et une autre, plus espacée sur la moitié postérieure qui en possède également des petites et des moyennes. Le mésonotum est pourvu d’une grande paire d’épines situées à l’avant. Le reste du mésonotum est recouvert d’un nombre variable d’épines, allant de quelques petites à de nombreuses et grandes épines. Le métanotum est inerme chez les deux sexes. L’abdomen du mâle l’est également, la présence d’épines à cet endroit pourrait endommager les ailes. Celui de la femelle est pourvu de quelques minuscules épines sur les premiers segments. Les côtés du thorax sont épineux, en particulier chez la femelle.

Les membres ne sont pas particulièrement armés, mise à part l’extrémité des fémurs qui porte une petite épine de chaque côté de l’articulation avec les tibias. Au tiers antérieur des fémurs médians se trouve un lobe pointu sur la face supérieure et inférieure. Les antennes sont longues et dépassent les pattes antérieures chez les deux sexes. La femelle possède un ovipositeur et il arrive souvent qu’un oeuf en dépasse lorsqu’elle est à la recherche d’un emplacement adéquat pour le déposer.

La coloration est très variée. La couleur de base peut-être le marron comme le vert, mais elle est le souvent composée d’un mélange de ces deux teintes. L’aspect bigarré est fréquent et sur les membres il est constant. Le bord d’attaque des ailes est de la même couleur que le corps, le reste est, par contre, gris translucide veiné de brun. Les élytres des mâles sont marqués d’une marque blanche habituellement en forme de chevron ou de triangle. Sur certains spécimens, particulièrement ceux provenant de Simujan, cette marque est assez peu visible.

LES JEUNES

Les lobes portés par les fémurs médians sont proportionnellement plus grands chez les jeunes que chez les adultes. La petite taille des épines peut conduire à les confondre avec d’autres espèces.

La capsule est marron et l’aire micropylaire est marron foncé ou noire. L’oeuf est plus ou moins cylindrique et se termine en pointe à son pôle postérieur. La surface dorsale est plate, tandis que les surfaces latérale et ventrale sont légèrement convexes. Ses dimensions sont variables, mais elles sont généralement les suivantes :

Longueur : 6,8 mm Largeur : 1,9 mm Hauteur : 2,0 mm

Les bords de l’operculum, qui est circulaire et plat sont bordés d’une "couronne chevelue" de 0,5 mm de hauteur. L’aire micropylaire est pratiquement ovale et rétrécie du coté de l’operculum.

Les oeufs mettent environ 4 mois pour éclore s’ils sont incubés dans une atmosphère humide à 25°C environ. Le taux d’éclosion peut être assez élevé, Ian Abercrombie l’estime à 80 %.

VARIATIONS

Il existe de grandes variations chez cette espèce, même entre individus d’une même population. Les épines de la tête et du thorax ainsi que la coloration de ces insectes sont particulièrement variables.

L’une de ces variations chromatiques était observable à Tarum : les femelles étaient majoritairement marron et plusieurs individus étaient notablement marqués de blanc [1]. Un autre spécimen de Tarum était complètement marron à l’exception des bordures des ailes et des élytres. Une rayure blanche barrait le pronotum et la partie antérieure du mésonotum. La grande proportion des individus marrons observés à Tarum est peut-être due au fait que cette région est relativement sèche, comparée aux autres lieux où cette espèce a été observée.

ELEVAGE

Comme la plupart des espèces déjà en élevage provenant de bornéo, C. hadrillus à besoin de conditions assez humides pour prospérer. Une atmosphère trop sèche lui est rapidement fatale.

Sa nourriture est variée à savoir : Ronce, cerisier, pommier, chêne, pyracantha, framboisier, rosier. Ian Abercromdie rapporte que cette espèce mange également des pommes : la moitié d’une pomme placée dans la cage peut être dévorée en quelques jours. C. hadrillus, mange même les tiges vertes de chêne qui sont préférées aux feuilles et ronge même les parties ligneuses externes des tiges plus coriaces .

Ian raconte aussi s’être fait mordre par des adultes des deux sexes confondus, cependant la morsure ne fait jamais saigner.

Les oeufs sont introduits dans les petites anfractuosités ou enfouis dans un substrat approprié. Si ce dernier n’est pas à leur disposition, les femelles pondront sur le sol. Ian recommande de la vermiculite ou la tourbe qui devront être tenues humides en immergeant partiellement le récipient les contenant dans l’eau.

REMERCIEMENTS

Je remercie Ian Abercrombie pour ses commentaires à propos de l’élevage de cette espèce, ainsi que Jacques Potvin pour ses illustrations des adultes et des oeufs.


REFERENCES

  • Bragg, P.E. (1993) New synonyms and new records of phasmids (Insecta : Phasmida) in Bornéo. Raffles Bulletin ofZoology, 41(4) ; 31-46.
  • Bragg, P.E. (1995) PSG 146 Centema hadrillus (Westwood). Phasmid Studies, 3(2) : 23-27.
  • Gunther, K. (1935) Phasmoiden aus Centralborneo. Arkiv for Zoologi, 28A(9) : 1-29.
  • Gunther, K. (1943) Die Phasmoiden (Orthoptera) der "Bornéo-expédition Dr. Nieuwenhuis" aus dem Stromgebiet des oberen Mahakam. Eos Madrid, 19 : 149-172.
  • Gunther, K. (1944) Bemerkungen ûber indomalayische Stabheuschrecken (Orth.), besonders die Gattung Haaniella Kby. Stettiner Entomologische Zeitung, 105 : 68-79.
  • Kirby, W.F. (1904) A synonymie Catalogue of Orthoptera. Volume 1. British Muséum (Natural History), London.
  • Redtenbacher, J. (1908) Die Insektenfamilie der Phasmiden. Volume 3. Leipzig.
  • Westwood, J.O. (1859) Catalogue ofthe Orthopterous însects in thé Collection of the British Museum. Part I : Phasmidae. British Muséum (Natural History), London.
 

[1] Un individu possédait des taches blanches sur les élytres, les bords d’attaque des ailes ainsi que sur les 5eme, 6eme, 7eme et 8eme segments abdominaux, les 7eme et 8eme segments étant entièrement blancs.