Accouplement hors du commun de Heteropteryx dilatata ♀ et Haaniella dehaanii ♂
mercredi 2 mai 2007
par brunob

Christian BALAHY - GEPAI 98/0012 Florent BALAHY - GEPAI 98/0013

Paru dans Entomon 1998 la revue du GEPAI

Je conserve dans un terrarium plusieurs espèces de phasmes épineux : Aretaon asperrimus, Haaniella dehaanii, Heteropteryx dilatata, etc... tous à l’état larvaire pour des questions de place ; hors un beau jour de septembre, j’ai observé un accouplement hors du commun : Une femelle Heteropteryx dilatata au stade 5 était accouplée à un mâle adulte fraîchement métamorphosé de Haaniella dehaanii.
II m’était impossible d’intervenir et cet accouplement se maintînt plusieurs heures, combien, je ne le sais pas ? Mais le matin, ils étaient toujours soudés et le soir quand je rentrai, idem.
Ce ne fut que le surlendemain que je pus retirer le mâle de Haaniella dehaanii.

Réflexions :

Plusieurs réflexions me sont venues à l’esprit quant à la reproduction des phasmes :

  • II ne fait aucun doute que la promiscuité engendre des accouplements, hybridations et comportements anormaux.
  • Dans la nature, on a fréquemment observé des hybridations chez des mammifères, proches génétiquement, de même que chez les oiseaux entre sous espèces.

Chez les premiers, les hybridations, tout de même fort peu communes, engendrent pratiquement toujours des individus stériles donc l’absence de pollution génétique.

Chez les oiseaux, il en va tout autrement et de nombreux cas rapportés montrent des individus, issus de ces accouplements entre espèces et sous espèces, intermédiaires mais féconds ; dès lors, il devient très difficile aux scientifiques de terrains d’établir avec précision la taxonomie entre les différentes sous espèces se partageant un même territoire ; les sujets homozygotes deviennent alors très rares. La seule manière de les distinguer les uns des autres n’est que l’étude de l’ADN.

Mais chez les insectes qu’en est-il ?

Dans la nature, très peu de cas recensés chez les phasmidés. Par contre ces phénomènes ont été observés chez des papillons et des coléoptères. Mais il en va tout autrement dans les élevages. On sait depuis un bon moment que les Eurycantha s’hybrident très facilement à tel point que l’on se met à douter de la "pureté" des souches d’Eurycantha calcarata et E. insularis (coriacea) ; les divers Haaniella s’hybrident très facilement également lorsqu’ils sont tenus ensemble.

Dans le cas présent, je ne connaissais pas d’autres cas d’accouplement vrais entre individus larvés ou subadultes hormis chez les Anisomorpha.
Mais il me revient en souvenir une anecdote vécue avec des femelles de Phenacephorus cornucervi acquises au stade 6 sans mâle et qui donnèrent tout de même des œufs fécondés me donnant des mâles et des femelles. Hélas toutes ces larves périclitèrent après quelques mues et aucune n’arriva au stade adulte bien que ce phasmidé soit facile d’élevage.

Serait-ce par appauvrissement génétique ? [1]

Mais le plus surprenant : comment des individus subadultes pouvaient se reproduire sans accouplement vrai au stade adulte si ce n’était que par une rétention de sperme chez la femelle au cours d’accouplement entre insectes adultes et subadultes ?
Ceci pourrait être une partie de la réponse pour la parthénogenèse chez certains phasmidés non représentatifs dans ce mode de reproduction.
La rétention de sperme est déjà connu chez quelques mammifères comme le loup et chez les oiseaux comme le dindon qui peut même effectuer plusieurs pontes et couvées après une seule copulation.

Conclusion :

Dans le cas présent, l’accouplement a été constaté et la femelle qui vient de passer au stade subadulte début décembre sera écartée pour observer les éventuelles naissances parmi les premiers œufs récoltés puis elle sera mise en présence d’un mâle de sa propre espèce et les larves issues de ce dernier accouplement seront soit conservées pour la souche soit sacrifiées, si les premiers oeufs pondus s’avèrent fécondés.

Post Scriptum :
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[1] Fort peu probable néanmoins, une quelconque dégénérescence chez les insectes reste à prouver, le pool génétique de départ étant amplement suffisant.

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