L’arbre dont les feuilles vivent et cheminent
A. Salzemann
vendredi 29 septembre 2006
par Arno


Le Monde des Phasmes n°12

Claude DURET - Histoire admirable des plantes et herbes esmerveillables et miraculeuses en nature... (Paris, 1605)

Claude DURET, magistrat originaire de la ville de Moulins, publiait à Paris en 1605 un livre extraordinaire intitulé : « Histoire admirable des plantes et herbes esmerveillables et miraculeuses en nature, mesmes d’aucunes qui sont vrais zoophytes ou plant’animales, plantes et animaux tout ensemble pour avoir vie végétative, sensitive et animale ».

Dans ce fabuleux traité de botanique sont rassemblés les témoignages de nombreux voyageurs qui, à l’époque, sillonnaient les mers du globe à la découverte des « pays estranges ». On y trouve la description de prodigieux hybrides mi-plantes, mi-bêtes dont un curieux végétal rencontré dans l’île de Cimbubon...

Sur cette île, située près de Bornéo, pousse en effet un arbre dont les feuilles « comme elles cheoyent en terre cheminoient comme si elles estoient vivantes ».
C’est Antonio PIGAFETTA, compagnon de voyage de MAGELLAN, qui rapporte ce prodige : « ces feuilles semblables à celles des mûriers avoient en l’une et l’autre de leur partie comme deux pieds courts et poinctus, les serrans et broyans il ne s’y voyoit aucun sang : comme une de ces dites feuilles estoit touchée ou maniée, incontinent elle se mouvoit et fuyoit. Moy, Antoine Pigafette, en ay tenu et conservé en une escuelle durant huit jours et quand je la touchois elle alloit tout autour de l’escuelle ».

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Portrat de l’arbre de l’île de Cimbubon
(Photo in Aesculape, 11, 217-218, novembre 1938)

Claude DURET qui avait prévu que tous les lecteurs n’accepteraient pas aisément l’ensemble des récits de son livre, écrivait que la création de tels phénomènes ne saurait excéder la toute puissance divine puisque celle-ci est infinie !

L’observation par Antonio PIGAFETTA de ces feuilles à pattes n’était cependant pas du tout fantaisiste et le texte qu’en a tiré DURET constitue probablement le premier rapport écrit concernant ces merveilleux phasmes que nous appelons aujourd’hui Phyllies ou feuilles ambulantes.


Voir pour illustration la fiche concernant la Phyllie Phyllium sp "Philippines" - P.S.G. n°278

Post Scriptum :
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