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Le Monde des Insectes

Le site et le forum insecte.org sont le lieu de rencontre de tous les passionnés d’insectes, quels que soient leur niveau, leur approche et leurs objectifs.

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Il privilégie un esprit de convivialité, sans imposer de hiérarchie officielle, pour que les discussions puissent s’enrichir librement aussi bien des erreurs des uns que des explications patientes de ceux qui en connaissent plus.

ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Discussion à propos des phéromones, des chimiorécepteurs des Phasmes et des accouplements
mercredi 8 février 2006
par Arno , brunob
Emmanuel Delfosse 08/1998 - 3, Rue de Montmagny 95410 Groslay -(Paru dans Entomon-Lettre du GEPAI n° 5, (juin 1998)

Les phéromones (qu’on devrait d’ailleurs noter phérormones, si l’on voulait être plus juste) semblent avoir une place de choix dans la vie des Insectes aussi bien que dans celle d’autres animaux, y compris l’homme et même chez les plantes, les champignons... Elles sont diverses et pas seulement sexuelles : substances bénéfiques, sécrétions défensives, sécrétions odorantes chez les fleurs pour attirer les Insectes pollinisateurs...

Chez le Papillon, elles sont connues depuis longtemps. Le célèbre entomologiste Jean-Henri Fabre (1828-1915) avait déjà soupçonné ce mécanisme qui consiste à diffuser des odeurs, chez la femelle, pour attirer le mâle (jusqu’à 11 km). Il étudiait alors Saturnia pyri (Denis & Schiffermüller, 1775). Plus tard, on a réussit a isoler les phéromones (bombycol) du Bombyx du Mûrier [Bombyx mori (Linné, 1758)] et celle de la reine des Abeilles...

Sans elles, il est probable que bien des rencontres ne pourraient se produire.

Alors, mélangeons un peu de " hasard " et des phéromones : le cocktail nous donne le " miracle " de l’accouplement.

Le " hasard ", c’est un peu l’adaptation du mâle pour aller à la recherche d’une éventuelle compagne (comme chez de nombreuses Espèces vivantes). Il est ainsi plus fin que celle-ci, voire plus petit et si il est ailé, il arrive qu’il soit apte à voler (ou planer) sur de longues distances [Extatosoma tiaratum (Macleay, 1827) ; Creoxylus spinosus (Fabricius, 1793)...]. Les femelles sont souvent plus épaisses (la ponte sera d’autant plus importante), ont régulièrement des ailes réduites quant elles en possèdent [certaines sont pourtant capables de voler : Sipyloidea sipylus (Westwood, 1859) ; Pseudophasma rufipes (Redtenbacher, 1907) ; Pseudophasma phthisicum (Linné, 1758)...] et semblent plus malhabiles pour se mouvoir, etc. Certaines femelles sont même incapables de se déplacer correctement sur le sol, elles sont plus adaptées à une vie arboricole [Phobaeticus serratipes (Gray, 1835)...]...

Ce sont donc les mâles qui partent à la recherche du sexe opposé et l’on peut observer, chez certaines Espèces, des antennes plus longues chez le mâle que chez la femelle [Extatosoma tiaratum ; Phyllium bioculatum Gray, 1832 ; Craspedonia gibbosa (Burmeister, 1838)...]. A l’œil nu, chez certaines Espèces, on distingue bien les soies, semblables à de petits poils, en général plus longues et plus nombreuses que chez la femelle. Ce sont des organes sensoriels permettant de percevoir le monde extérieur. Certains sont justement spécialisés dans la perception des phéromones, des substances chimiques que va libérer la femelle pour attirer son homologue du sexe opposé.

Des expériences, sur nombre d’ Espèces d’ Insectes ont pu prouver que les mâles étaient attirés par certaines substances de ce type, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres.

Il est bien des contradictions. Ainsi, si certains Phasmes mâles se déplacent sur de longues distances (en fonction des plantes nourricières, de la taille du biotope, etc.), d’autres auront tendance à rester sur place ou aux alentours du fait de leur manque de mobilité.

Certaines femelles sont également capables de planer comme les mâles (Pseudophasma rufipes ; Sipyloidea sipylus...), ou de déplacer avec une grande facilité, même au sol, grâce à de grandes pattes [Baculum thaii Hausleithner, 1985 ; Baculum extradentatum (Brunner, 1907)...].

Certains mâles ont des antennes courtes, parfois à peine plus longues que celle des femelles (Baculum thaii) ou les antennes sont d’égale longueur chez les deux sexes...

Il est aussi des Phasmes mâles qui pourraient se déplacer aisément sur de bonnes distances qui parcourent peu de chemin dans leur vie.

Par contre, les jeunes ont régulièrement de longues pattes qui leur permet l’essaimage des nouvelles générations. Ils sont souvent très actifs et possèdent une couleur qui peut changer au bout de 10 à 15 jours. Il est même des Espèces avec des coloris des plus vifs : rouges pour Phyllium celebicum, Phyllium giganteum Hausleithner, 1984 ; brun et tête orange pour Extatosoma tiaratum qui mime également une Espèce de Fourmi du Genre Leptomyrmex Mayr, 1862... Ces couleurs, dans la nature, sont des couleurs d’avertissement signifiant que l’animal est empoisonné. Les Phyllies deviendront vertes et le Phasme à tiare (Extatosoma tiaratum) prendra sa robe verte ou beige. Les exceptions existent et sont même nombreuses : Creoxylus spinosus ; Heteropteryx dilatata (Parkinson, 1798) ; Dares verrucosus Redtenbacher, 1906 ; Haaniella dehaani (Westwood, 1859) (..) ont des pattes plutôt courtes et semblent parfois amorphes.

La " nature " nous offre toutes sortes d’adaptations, des essais divers... On pense désormais que c’est en partie le " hasard " qui influence ces adaptations.

Il est vrai que le monde des Insectes est trop complexe pour que l’on puisse faire, facilement des généralités, d’autant qu’énormément de choses nous échappent, que tout reste à découvrir...

Une fois que le mâle à repéré une femelle, parfois par hasard, mais aussi grâce aux phéromones, il peut très bien rentrer en concurrence avec d’autres mâles de son Espèce. Il pourra y avoir des combats [Eurycantha calcarata Lucas, 1869 ; Aretaon asperrimus (Redtenbacher, 1906)] ou il peut " s’approprier " la femelle avec laquelle il s’accouple. Par " s’approprier ", j’entends parler des mâles qui passent le plus clair de leur temps sur le dos de leur compagne, voire même de leur cadavre pendant 3 ou 4 jours (Anisomorpha monstrosa Herbard, 1932). La raison en est des plus simples : elle consiste à protéger leur semence. En effet, c’est la semence du dernier mâle accouplé qui aura le plus de chance d’être utilisé par la femelle.

Lorsque le mâle va pour s’accoupler, il n’y a pas de parade. Il grimpe simplement sur le dos de sa compagne et la caresse, ici ou là, avec ses antennes.

La femelle est plus ou moins réceptive et l’on observe parfois des extravagances : un mâle Calynda brocki Hausleithner, 1987 faisant une tentative d’accouplement avec une femelle Phaenopharos herwardenni Henneman & al.. ou encore, un mâle Anisomorpha buprestoides (Stoll, 1787) tentant de s’accoupler régulièrement avec un mâle Eurycantha coriacea Redtenbacher, 1908 !

Comment expliquer ces " erreurs " ? Et les phéromones dans tout cela ? Pourquoi y a-t-il des individus trompés à ce point (Anisomorpha buprestoides fait partie de la Famille des Pseudophasmatidae et de la Sous-famille des Pseudophasmatinae tandis que Eurycantha coriacea fait partie de la Famille des Phasmatidae et de la Sous-famille des Eurycanthinae) ? Comment, dans ce cas, ne pas penser à des rencontres aléatoires ?

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Femelle Paramenexenus laetus et mâle Lamponius guerini
Et les phéromones dans tout cela ? (Photo Bruno Biron)

Ces incidents sont pourtant peu nombreux et ne semblent pas avoir davantage de répercussion. Il est vrai aussi que ce qui se passe dans un terrarium n’est pas forcément ce que l’on peut observer dans la nature, d’autant que certaines Espèces qu’on mélange allègrement n’auraient jamais pu se rencontrer dans leur biotope d’origine étant donné leurs provenances respectives.

Et quelle glande est donc responsable de la sécrétion du signal chimique attirant les mâles ?

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Accouplement d’un Mâle Oxyartes honestus adulte avec une femelle adulte Pharnacia sp. Viet-nam
Photo Bruno Biron

On sait qu’elle est anale pour nombre d’ Espèces de Papillons, par exemple ou situé sur la tête, tergale pour nombre d’ Espèces d’ Insectes comme les Termites (toutes les Termites ?), glandes odorifères des Hyménoptères... Chez les Blattes, on en trouve sur l’abdomen des mâles, sous les ailes au niveau des tergites ou chez les Gryllides et les Sauterelles cavernicoles mâles, des vésicules exsertiles chez les Mécoptères et les Planipennes mâles....

Certains Papillons mâles sont également capables d’émettre des substances aphrodisiaques pour stimuler leur partenaire afin de favoriser l’accouplement (Danais Latreille, 1819). Leurs organes odoriférants sont situés sur les pattes et l’abdomen ou groupés sur les ailes (écailles modifiées : androconies)...

On sait aussi que les stimulations sonores et visuelles (ailes déployées) existent mais la vue des Phasmes semblent médiocre d’après certains auteurs... La vue joue un rôle prépondérant surtout chez les Odonates (Libellules) et les éphémères. Chez la plupart des autres Insectes, les organes chimiorécepteurs (ou organes olfactifs) sont sensibles aux substances présentes dans l’air, à l’état gazeux. Ces chimiorécepteurs sont situés sur les antennes. Celles-ci sont recouvertes de nombreuses sensilles (organe très sensible, de forme diverse).

Les glandes tégumentaires répandant une odeur qui représentent un stimulus significatif pour le, compagnon social ou le partenaire sexuel sont nombreuses chez les Insectes...

Beaucoup d’ Insectes sont aussi sensibles aux vibrations de leur milieu, cela peut aussi servir de signal sexuel ou à d’autres buts. La sensibilité dépend des Espèces...

 
Post Scriptum :

Références :

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 Brimont Fabien (juin 1998). comment la rencontre entre individu de sexe différent mais de même espèce s’effectue t-elle pour que se produise l’accouplement ? Cette rencontre se fait-elle par l’intermédiaire d’un chimiotactisme (phéromones) ou se fait-elle de manière aléatoire (la présence d’individus de sexe différent dans une enceinte d’élevage augmente la probabilité de rencontre). S’il y a émission de phéromones, quelle glande est responsable de la sécrétion de ce signal chimique ? Et où se situe t-elle ?, Lettre du GEPAI n° 5 : 5.

 Brusca Richard C., Brusca Gary J. (1990). Invertebrates, Sinauer Associates, Inc. Publishers : 580, 584.

 Carlberg Ulf (1981). Hatching time of Extatosoma tiaratum (Macleay) (Phasmida), Entomologist’s monthly magazine, april 26 th, 1982 vol. 117 : 199.

 Carlberg Ulf (1983). Copulation in Extatosoma tiaratum (Macleay) (Insecta : Phasmida), Zool. Anz., Jena 210 5/6. S. : 348.

 Carlberg Ulf (1986). Antennae ontogeny in Extatosoma tiaratum (Macleay) (Insecta : Phasmida), Zool. Jb Anat. 114 Veb Gustav Fischer Verlag Jena : 157, 161-162, 164-165.

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 Delfosse Emmanuel (1998). Fascicule n° 1 : les Phasmes (Insecta Phasmatodea), association Phyllie : 6-7.

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