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Le Monde des Insectes

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Il privilégie un esprit de convivialité, sans imposer de hiérarchie officielle, pour que les discussions puissent s’enrichir librement aussi bien des erreurs des uns que des explications patientes de ceux qui en connaissent plus.

ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Observations sur Acrophylla wuelfingi (Redtenbacher, 1908)
samedi 28 octobre 2006
par brunob

Guilhem Bernard

LE MONDE DES PHASMES n° 35 (Septembre 1996)

Mots-clés : Acrophylla wuelfingi, Elevage, Reproduction.

INTRODUCTION

Par l’intermédiaire d’un petit historique de mon élevage, je mets en place une série de questions et de problèmes qui, je l’espère, grâce aux réponses avisées des lecteurs de la revue, me permettront, ainsi peut-être qu’à d’autres éleveurs, d’améliorer la croissance et le maintient de ce grand phasme qui peuvent parfois causer quelques ennuis.

HISTORIQUE ET DESCRIPTION

Mon élevage d’Acrophylla wuelfingi a débuté le 23 avril 1995 par l’acquisition de deux couples au quatrième stade. Leur développement s’est très bien déroulé mis à part un petit incident lors de la mue d’une femelle (voir Le Monde Des Phasmes n° 32) et c’est ainsi que dès le mois de juillet, je commençais à ramasser quelques oeufs. Ces oeufs furent déposés dans un petit récipient dont le fond était recouvert de papier absorbant de manière à conserver une humidité de l’ordre de 80 à 90 HR, à température ambiante (entre 25 et 30°C cette année là).

Sur ce, je partis en vacances en ayant pris soin de laisser à mes phasmes une quantité de ronce suffisante ainsi qu’un système d’humidification plutôt archaïque (des bouts de cordes trempant dans l’eau et serpentant parmi les tiges de ronce, la capillarité devant normalement jouer son rôle). Ce procédé se révéla inadapté et à mon retour, quinze jours après, je ne retrouvais qu’une seule femelle vivante (les autres espèces avaient, elles, bien supportées le choc).

Les oeufs quant à eux, avaient également été soumis à rude épreuve (bénéficiant du même "humidificateur") en restant une bonne dizaine de jours sur du papier absorbant complètement sec et à une température avoisinant les 30 °C. Malgré cela, je décidais de les conserver en les replaçant dans de meilleures conditions et en ajoutant au fur et à mesure ceux pondus par la dernière femelle. Malheureusement, celle-ci devait rapidement mourir. Le bilan à l’issue du mois d’août était donc le suivant : 130 oeufs dont une grosse moitié avait passé un début d’incubation dans des conditions difficiles.

Faute de mieux, je laissais incuber les oeufs en les chauffant à 25°C en hiver, avec un taux d’humidité relative variant entre 80 et 90 HR.

La première éclosion eut lieu le 09 janvier 1996 (soit environ 7 mois après la ponte) et durant les mois de janvier et lévrier, les naissances se succédèrent au rythme de deux ou trois par semaine. Environ 70 des jeunes succombèrent au bout de quatre ou cinq jours d’existence pour des raisons inconnues (la moitié des jeunes avait un abdomen soit tordu, soit tire-bouchonné à son extrémité).

Les éclosions s’interrompirent fin février pour reprendre au mois de mai (11 mois après la ponte) et là le taux de mortalité des jeunes fut désastreux : 90 périrent au premier stade et ce, malgré tous mes efforts pour enrayer l’hécatombe par des modifications de la température, de l’humidité, de l’aération mais en conservant la ronce comme unique plante nourricière (de brefs essais sur du pyracantha s’avérèrent infructueux mais peut-être était-ce dû à d’autres facteurs).

Début Juillet 1996, je possédais donc une douzaine de spécimens entre le quatrième et le sixième stade (sur cinquante oeufs éclos). Quel ne fut pas mon étonnement de constater que sur douze Acrophylla wuelfingi, je n’avais que des femelles ! Ceci me surprit d’autant plus que les articles de E. Delfosse (Le Monde Des Phasmes n° 25) et de P. Léon (Le Monde Des Phasmes n° 23) me laissaient présager le contraire.

Poursuivant néanmoins mon élevage, une des femelles devint adulte trois semaines avant mon départ en vacances. Afin d’éviter les désagréments de l’année passée, je mis au point un système d’humidification plus efficace mais cette fois, c’est la faim qui fit subir à mon élevage d’A. wuelfingi les pertes les plus importantes (que l’on mette cinq branches de ronce ou bien dix, elles se fanent toujours au bout d’une dizaine de jours en été) si bien que deux semaines plus tard, trois femelles gisaient mortes sur le fond du terrarium et trois autres ne survécurent pas plus de trois ou quatre jours à leur amaigrissement forcé.

Parmi les victimes, ma femelle adulte du mois de juillet. J’entreprenais alors de la jeter dans le jardin en pitance aux fourmis (je me débarrasse de tous mes phasmes morts de cette façon). Quatre ou cinq jours plus tard, je repassais fortuitement devant sa dépouille et là, je découvrais une ribambelle d’oeufs dans l’abdomen à demi dévoré ; en tout 27 dont 7 de couleur beige-orangé caractéristique des oeufs immatures.

INTERROGATIONS : Suite à toutes ces observations, de nombreux points me laissent perplexe :

Même s’il est normal d’avoir de la mortalité au premier stade, je trouve malgré tout que le nombre déjeunes survivants est anormalement faible.

A ce propos je suis à peu près convaincu que les malformations de certains nouveau-nés sont dues au manque d’humidité subi par une partie des oeufs au début de leur incubation (comme c’est aussi le cas chez Carausius morosus Sinéty, 1901). Quant à ceux qui meurent de façon inexpliquée (et ils sont nombreux !), peut être est-ce causé par une température d’incubation trop élevée au cours du mois de juillet et d’août. L’article de Y. Lefranc et P.E. Roubaud (Le Monde Des Phasmes n° 29) me pousse à le croire.

J’aimerais donc savoir ce qu’il en est exactement et si quelqu’un possède un dispositif permettant d’obtenir de meilleurs résultats.

  • Pourquoi n’ai-je que des femelles alors que dans certains élevages, les mâles sont en surnombre ?
  • Faut-il incriminer une fois de plus les conditions d’incubation et en particulier la température ?
  • Est-il aussi possible que tous les jeunes mâles, peut-être plus fragiles, meurent dès les premiers jours ?
  • A ce sujet, peut-on faire la différence entre mâle et femelle au premier stade ?

Visiblement, l’absence de mâle de la même espèce ne semble pas empêcher la production d’oeufs, mais l’absence de ponte pourrait-elle alors indiquer une rétention d’oeufs de la part de la femelle faute d’avoir reçu un ou plusieurs stimuli d’un mâle ? (Cf. « Déterminisme de la ponte chez les insectes » par A. Thomas et M. Mesnier).

  • Serait-il alors possible de provoquer la ponte par « des excitations mécaniques exercées sur l’extrémité antérieure de la chaîne nerveuse ventrale » comme l’évoquent A. Thomas et M. Mesnier dans le cas de Galleria mellonella (Lépidoptère).
  • Quel serait dans ce cas le devenir de ces oeufs ?

Je conserve ceux prélevés sur la femelle morte mais n’ayant jamais lu d’article concernant un éventuel comportement parthénogénétique chez cette espèce, je pense qu’ils sont stériles (je me trompe peut-être).

  • Est-il possible que la mort de la femelle « pleine » soit due à une hypothétique rétention des oeufs ?

REMARQUE FINALE :

Au moment où j’écris ces lignes, je poursuis mon élevage. Une autre femelle est devenue adulte et les naissances se poursuivent.

CONCLUSION

Voici donc un élevage qui aura monopolisé toute mon attention pendant de longs mois et qui continue à me surprendre au fil des jours. Je remercie d’avance toutes les personnes du groupe qui voudront bien répondre à mes questions concernant ce splendide phasme australien.

BIBLIOGRAPHIE

- Bernard, G. (1995) Sauvetage d’un Acrophylla wuelfingi. Le Monde Des Phasmes n° 32 : 14.

- Delfosse, E. (1994) Observations d’élevage. Le Monde Des Phasmes n° 25 : 19-20.

- Leffranc, Y, Roubaud, P.E. (1995) Point de vue et vue par point. Le Monde Des Phasmes n°29 : 22-24.

- Léon, P. (1993) Observations diverses dans mon élevage. Le Monde Des Phasmes n°23 : 19.

- Thomas, A., Mesnier, M. (1984) Déterminisme de la ponte chez les insectes. Bull. Soc. Ent. Française. Tome 89 : 855-866.

 
Post Scriptum :
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