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Le Monde des Insectes

Le site et le forum insecte.org sont le lieu de rencontre de tous les passionnés d’insectes, quels que soient leur niveau, leur approche et leurs objectifs.

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Il privilégie un esprit de convivialité, sans imposer de hiérarchie officielle, pour que les discussions puissent s’enrichir librement aussi bien des erreurs des uns que des explications patientes de ceux qui en connaissent plus.

ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Pour que dansent les Phyllies
Article initial en 4 parties
dimanche 4 mars 2007
par brunob , Arno

Le Monde des Phasmes n°22, pp. 15-16 (juin 1993)


A observer de près les phyllies, l’intérêt qu’elles présentent ne fait que grandir. La morphologie si particulière de ces insectes n’a d’égal que l’étrangeté de leur comportement.
On imagine sans peine les merveilleux morceaux d’anthologie que nous aurait donné un Jean-Henri Fabre, s’il avait eu des phyllies en élevage. A défaut d’un tel témoignage, le lecteur voudra bien se contenter des notes éparses qui suivent. Ces notes ont été glanées au fil des jours durant les six derniers mois de l’année 1992.
En avant-propos, il convient de mentionner un fait dont l’importance m’a longtemps échappé : l’exiguïté de l’enceinte qui abrite mon élevage. Il s’agit d’un vivarium dont la pius grande face est vitrée et mesure 0,5 m x 0,5 m, mais dont la profondeur est faible au point que son volume est inférieur à 40 litres. Cette disposition est évidemment très favorable à l’observation visuelle mais elle doit induire des comportements aberrants chez les insectes qui s’y trouvaient en surnombre.

Contrairement aux jeunes phyllies qui apprécient la promiscuité (voir "Le Monde Des Phasmes n° 21, pages 4 et 5), les adultes ou subadultes ne la supportent guère. Confinés dans un espace exigu, les insectes se trouvent confrontés à des conditions fort différentes de celles que leur offre la vie en liberté. Pour n’en citer que trois :

    • La difficulté à se nourrir sans se gêner mutuellement au cours de la quête de la nourriture.
    • Fréquente chez les insectes, la rivalité entre espèces ; en ce cas d’autant plus marquée qu’elle ne sont pas endémiques.
    • L’exacerbation de l’instinct sexuel due à une concentration en phéromones infiniment plus forte que dans la nature.
  • CANNIBALISME

Sont cannibales, les animaux qui dévorent des individus de leur propre espèce. Les mantes sont cannibales. Que cette pratique existe chez les phyllies ne m’étonnerait pas, bien que n’ayant jamais été témoin d’un tel repas. Sur quelles indications repose cette présomption ? Essentiellement sur d’inexplicables disparitions.

Qu’on veuille bien se référer à l’énumération des hôtes présents dans mon vivarium au cours de l’été 1992 (cf. "Le Monde Des Phasmes n° 19, page 16), Cette enceinte abritait notamment quatre jeunes Ph. giganteum dont la croissance semblait lente. J’escomptait cependant qu’une fois adultes, ces femelles assureraient l’avenir de l’espèce par une ponte importante. Déception ! Non seulement aucun oeuf ne fut pondu mais, pire, les quatre spécimens disparurent bel et bien sans laisser de traces. L’espèce est désormais perdue en ce qui me concerne. Les mystérieuses disparitions seraient-elles à mettre en relation avec la présence de six femelles de Ph. celebicum et de quelques mâles qui venaient d’arriver à maturité ?

Dans le cours des deux mois qui suivirent, une considérable quantité d’œufs fut pondue. Début octobre, comme en réponse à un étrange signal, toutes ces femelles cessèrent de pondre d’un jour à l’autre. Elles continuèrent à s’alimenter puis deux femelles et deux mâles périrent cependant que les quatre autres femelles disparaissaient à leur tour. A ce stade, il faut préciser que dans l’intervalle, six Ph. bioculatum étaient devenues adultes. Mi-novembre, chacune d’entre elles se mit à pondre au rythme de 5 à 6 oeufs par semaine tout en se partageant les faveurs de deux mâles.

Faut-il à nouveau invoquer le cannibalisme pour expliquer la totale disparition des Ph. celebicum ? Se peut-il qu’une espèce devenue adulte ne tolère pas la présence d’une autre et qu’elle s’en débarrasse en la dévorant ?

Au fil du temps, les indices s’accumulent mais les preuves demeurent minces. Une pièce à conviction cependant : une phyllie dont un des élytres est amputé d’une large surface semi-circulaire.

L’analogie avec l’aspect d’une feuille en cours de consommation est frappante. Comme quoi l’homochromie et l’homotypie ne seraient pas toujours une protection efficace ; bien au contraire en l’occurrence.

Lorsqu’il s’agit de mastiquer, les mandibules des phyllies sont, comme chez bien d’autres insectes, d’une efficacité remarquable. Il n’est que d’observer la rapidité avec laquelle une phyllie, bien que végétarienne d’ordinaire, dévore sa propre exuvie après une mue. Tout comme elle grignote en une dizaine de minutes une feuille de ronce de belle taille, y compris la nervure centrale pourtant dure et bardée d’épines.

A porter au dossier du cannibalisme, une information que vient de me fournir une biologiste de la région genevoise selon laquelle des Ph. celebicum qu’elle élevait ont mystérieusement disparus. Dans ce cas les soupçons ne se portent pas sur d’autres espèces de phyllies mais sur un phasme à tiare : Extatosoma tiaratum.

Que conclure ? Collègues éleveurs, ne suivez pas le conseil que je donnais naguère, celui d’élever plusieurs espèces de phyllies dans une même enceinte. Le comportement des insectes sera nécessairement aberrant et les observations que vous feriez si amusantes soient-elles n’auront aucune valeur scientifique.

Donc, en règle générale, une seule espèce par cage et pas d’adultes en surnombre.

 
Post Scriptum :
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