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Le Monde des Insectes

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ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Maintenance communautaire... Attention au risque d’hybridation !
{Eurycantha calcarata - Eurycantha coriacea}
samedi 17 juin 2006
par Arno

Franck RADNAI - GEPAI 98/0082

Entomon 1 GEPAI /1998

Introduction.

Chez tout entomologiste-amateur éleveur, les phasmes tiennent une place non négligeable dans les individus maintenus en captivité. Mais il arrive, bien souvent, qu’à un moment ou à un autre le nombre d’insectes soit important et que le manque de place vienne à gagner, une seule solution alors envisagée, grouper des espèces nécessitant des conditions de maintenance quasi-identiques et de caractère proche (morphologie, activité et comportement,...). Puis, un jour, on s’aperçoit qu’une des espèces, qui était maintenue, a disparu ou que le nombre d’individus est en constante diminution au cours des générations prenant alors un caractère alarmant pour l’éleveur. Mais que s’est-il passé ? Maladies ? Dégénérescence ? Bien souvent les causes sont sans réponse et l’éleveur se voit alors dans l’obligation de rechercher une souche.

Ainsi, il y a quelque temps, un ami me faisait par de ce type de problème concernant une espèce de phasme du genre Eurycantha. Ce qui peut surprendre un peu lorsqu’on connaît cet insecte : prolificité, conditions de maintenance à la portée de tout le monde, etc... Ayant alors un petit doute quant à cette "extinction naturelle" de la souche maintenue, je me penchais sur le problème en évoquant une hypothèse d’hybridation : même genre, espèces différentes, tout pouvait être réuni pour présenter un cas d’hybridation intraspécifique. Sachant que les conditions de maintenance ne rentraient pas en ligne de compte dans cet exemple car optimales.

Le travail suivant s’est donc attaché à essayer de mettre en évidence cette hypothèse qui peut s’avérer fort problématique pour un entomologiste éleveur quant à la pureté des souches maintenues, notamment lorsqu’il y a mise en groupe à des fins d’économie de place.

Matériel.

Pour des raisons de facilité et pour reprendre le problème posé, je me tournais vers le genre Eurycantha. Les espèces utilisées Eurycantha calcarata Lucas, 1869 (PSG 23) et Eurycantha coriacea Redtenbacher, 1908 (PSG 111) sont issues d’élevages. Ces deux espèces sont géographiquement originaire de Papouasie-Nouvelle Guinée et présentent des différences chromatiques et morphologiques.

Eurycantha calcarata : mâles et femelles sont de coloration marron foncé à noire et présentent un dimorphisme sexuel remarquable. Les mâles mesurent en moyenne 8 cm, les fémurs de la dernière paire de pattes sont renflés et sont munis sur leur face interne d’une forte épine courbe pouvant mesurée jusqu’à 1 cm, l’abdomen présente une extrémité "carrée" laissant apparaître les cerques de chaque côté. Les femelles mesurent en moyenne 12 cm, le renflement et l’épine des fémurs des paires de pattes postérieures sont absents, l’extrémité abdominale est caractérisée par la présence d’un ovipositeur court et robuste de 1cm de long.

D’un point de vue comportemental, on dénote chez cette espèce une agressivité pouvant être remarquable chez certaine souche et un phénomène de "communication sexuelle" exercé par les mâles de ces derniers attire l’attention des femelles à la manière du Grillon dalmate (Gryllomorpha dalmatina) en frappant le sol de son abdomen de façon séquentielle.

Eurycantha coriacea : les deux sexes présentent une coloration beige avec les épines qui ornent le corps de couleur plus ou moins verte. Le dimorphisme sexuelle n’est représenté que par une taille des mâles inférieure àcelle des femelles (7,5 cm en moyenne contre 12 cm) et une terminaison abdominale distincte (de la même manière que chez E. calcarata). Caractère pacifique mais néanmoins actif et un comportement d’appel des femelles apparemment inexistant.

Méthode.

Ces deux espèces sont placées en élevage communautaire à partir de L’éclosion, et ce durant tout le stade larvaire. Les individus sont donc installés en vivarium bénéficiant de la lumière du jour avec un taux d’humidité relative avoisinant les 70% et garni de morceaux d’écorces en guise de caches la température est de 24°C ± 1°C,

La nourriture est composée d’un mélange de feuillage : lierre (Hedera hélix), ronce Rubus sp.), chêne (Quercus sp.), hêtre (fagus sp.) et noisetier (Corylus sp.). Le lierre et la ronce ne sont utilisés qu’en feuillage d’hiver. Après la mue imaginale, les individus sont sexés, les mâles et les femelles mis en communauté de part et d’autre.

Le but étant de savoir si une hybridation "naturelle" pouvait s’opérer, il fut choisi de mettre une femelle Eurycantha calcarata en présence de mâles Eurycantha coriacea (proportion : 1/2). Resterait alors à faire la même manipulation avec une femelle de Eurycantha coriacea et des mâles de Eurycantha calcarata.

Résultats.

Durant tout le temps de mise en présence des deux espèces, plusieurs copulations furent observéeso la femelle ne repoussant en aucune mesure le mâle d’espèce pourtant différente. Les mâles ne présentent aucune hésitation à s’accoupler avec la femelle présentée. Dès cet instant, on peut donc déjà dire que l’accouplement entre Eurycantha coriacea et Eurycantha calcarata ne présente aucune difficulté.

Reste à savoir ce qui va paraître sur la descendance.

Pour ce faire le pondoir mis à disposition de la femelle sera régulièrement relevé. Les _ufs ainsi prélevés et mis en incubation dans du terreau éclosent au bout de 4 mois en moyenneo ce qui ne présente pas de différence avec la durée d’incubation des deux souches utilisées.

Les jeunes présentent tous une coloration à tendance verte maculée de taches blanches et brunes. Cette coloration semble moins uniforme que celle des jeunes Eurycantha calcarata mais plus identique à celle déjeunes Eurycantha coriacea. Mais le caractère couleur chez les larves ne peut en aucun cas être retenu pour caractériser une larve hybride les variations chromatiques larvaires étant déjà importantes chez les deux souches. Tout ce qui peut être souligné c’est la tendance de la robe larvaire à ressembler plus volontiers à celle de coriacea que calcarata.

Ces Jeunes sont maintenus en élevage communautaire.

La mue imaginale de cette F1 ne donnera en aucun cas de "surprise monstrueuse" !!! En revanche, les adultes obtenus présentent tous un morphe E. coriacea : coloration beige chez les deux sexes, dimorphisme sexuel remarquable par la taille (mâles plus petits que les femelles) et la présence d’un ovipositeur chez la femelle o cependant, les mâles ne présentent pas de renflement des fémurs ni d’épine sur leur face interne comme chez E. calcarata. Cette absence totale de caractère calcarata laisserait donc à penser à une hybridation de Eurycantha coriacea X Eurycantha calcarata avec dominance des caractères morphologiques de Eurycantha coriacea.

Même si nous ne sommes qu’en F1, nous pouvons tout même remarquer et noter que nous ne nous retrouvons plus qu’en face d’un seul morphe, l’autre ayant disparu. Après cette première partie de mise en évidence d’une possible hybridation intraspécifique dans le genre Eurycantha tout au moins pour les espèces calcarata et coriacea, il ne nous restait plus alors qu’à vérifier les résultats éventuels d’une F2.

Pour ce faire tous les individus issus de la F1 sont laissés et élevés ensemble. La nourriture dont disposaient les insectes était la même que pour la première expérience.

La ponte de la F1 est prélevée et mise à. incuber dans les mêmes conditions que pour notre première expérience. Ne nous reste alors plus qu’à attendre afin de vérifier si cette ponte d’hybrides est viable ou non.

Les premières larves apparaissent au bout de 4 à 5 mois et sont élevées de façon communautaire et nourries à la manière des parents.

Les résultats de la mue imaginale vinrent confirmer les observations faites sur l’élevage de ces deux espèces en communauté, aucun caractère de Eurycantha calcarata mis en évidence de façon nette et précise. Tous les individus présentent une morphologie Eurycantha coriacea.

Si une petite nuance de couleur peut être observée au niveau de la terminaison abdominale en laissant apparaître les cerques du mâle et l’ovipositeur delà femelle plus noirâtre que la couleur générale de la robe chez cette F2, ces résultats obtenus sur l’hybridation de ces deux espèces d’Eurycantha tendraient bien à démontrer une hybridation intraspécifique à superdominance de Eurycantha coriacea sur Eurycantha calcarata. Néanmoins ce travail n’a été fait que dans un sens, c’est à dire femelle calcarata X mâle coriacea, il serait intéressant de vérifier ces observations dans l’autre sens c’est à dire mâle calcarata X femelle coriacea.

Conclusion.

Au vue de ces premiers résultats quant à l’hybridation possible entre Eurycantha calcarata et Eurycantha coriacea, il serait souhaitable que ces espèces ne soient pas élevées ensemble, tout au moins au stade adulte afin de conserver ces deux espèces dans le temps. Une autre hypothèse plus inquiétante de ces observations réside dans le fait que l’on peut s’interroger quant à la pureté spécifique de l’espèce coriacea dans les élevages.

Ces observations ne sont donc pas à négliger car l’hybridation intraspécifique n’étant pas souhaitable (sauf peut être dans certain cas extrême) il nous faut alors tenir compte des règles de maintenance qui en découlent, soit une individualisation spécifique en élevage et ce de manière générale. D’autre part, si ces premiers résultats ne concernent que deux espèces Eurycantha qui sont calcarata et coriacea, qu’en est-il pour les autres genres de Phasmatodea ?

 
Post Scriptum :
Les articles cités sont issus de la revue du GEP "Le Monde des Phasmes". Liberté a été prise sur notre site de republier certains articles sans pour autant nécessairement contacter leurs auteurs. Néanmoins, en cas de désaccord et afin d’éviter toute méprise, ces articles pourront être retirés sur simple demande dudit auteur.
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