[odinol]

En cherchant de la bibliographie sur la communication chimique des Insectes en vu de démarrer un projet de recherche, je suis tombé sur une erreur. Je me permets donc de la corriger et d’y apporter quelques précisions.

Dans la rubrique « reproduction » du « coin des éleveurs », Emmanuel Delfosse a écrit dans un article (paru dans Entomon – la Lettre du GEPAI n° 5 en juin 1998) intitulé : « Discussion à propos des phéromones, des chimiorécepteurs, des Phasmes et des accouplements » :
« Les phéromones (qu’on devrait d’ailleurs noter phérormones, si l’on voulait être plus juste) semblent avoir une place de choix dans la vie des Insectes aussi bien que dans celle d’autres animaux, y compris l’homme et même chez les plantes, les champignons... Elles sont diverses et pas seulement sexuelles : substances bénéfiques, sécrétions défensives, sécrétions odorantes chez les fleurs pour attirer les Insectes pollinisateurs... »

Une phéromone a, par définition, une action intraspécifique. Une substance chimique intervenant dans la communication entre deux êtres vivants (sans distinction de l’espèce) est un sémiochimique. Dans le cas précis de sécrétions odorantes chez les fleurs pour attirer les Insectes pollinisateurs (c’est le cas des Orchidées du genre Ophrys : cas de mimétisme chimique), il s’agit d’allélochimiques (médiateurs interspécifiques). On a même plus précisément affaire ici à des allomones (substances chimiques interspécifiques ayant une action bénéfique pour l’émetteur) et en aucun cas à des phéromones.


Effectivement, les phéromones n’ont pas uniquement un rôle dans la reproduction. Elles peuvent intervenir dans le regroupement des individus de la même espèce dans le milieu (c’est le cas chez les Blattes). Ce sont les phéromones grégaires.
Certaines phéromones permettent aux Insectes sociaux de suivre leurs congénères « à la trace » (c’est le cas chez les Termites et les Fourmis). Ce sont les phéromones de pistes.
Les phéromones peuvent aussi permettre aux insectes sociaux de reconnaître les congénères qui appartiennent à la même colonie. Ces Insectes peuvent aussi déterminer, grâce à une signature chimique le statut social d’un congénère.

Certaines phéromones modifient même la physiologie des insectes et non plus seulement leur comportement. Ce sont les phéromones modificatrices (sécrétion mandibulaire des reines d’abeilles par exemple).

Mais cette liste n’est pas exhaustive et les différents types de phéromones sont effectivement nombreux.

Nous avons affaire ici à des notions qu’il faut utiliser avec précaution et précision. Certains composés, par exemple, peuvent parfois être considérés à la fois comme des phéromones et des allomones. C’est le cas des substances défensives qui peuvent être des phéromones, mais pas toujours. Si le sémiochimique n’a qu’une action répulsive pour les prédateurs, ce sera une allomone, mais pas une phéromone. Si ce composé chimique repousse les prédateurs et est reconnu par les congénères comme un signal d’alerte les prévenant d’un danger (phéromone d’alarme), il peut être considéré comme une allomone d’un point de vue interspécifique mais aussi comme une phéromone du point de vue intraspécifique.

Prudence donc avec les sémiochimiques !

[Yannick Bellanger]

merci pour toutes ces précisions, c'est intéressant à savoir.
Yannick
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