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Le Monde des Insectes

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ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Epidares nolimetangere, un phasme que l’on peut toucher !
samedi 17 juin 2006
par Arno

P. Bragg / traduction S. Mallet

GROUPE D’ETUDE DES PHASMES - Le monde des phasme n°18 juin 1992

Le phasme Epidares nolimetangere (de Haan) (P.S.G. n° 99) appartient à la famille des Heteropteryginae. Les membres de cette famille sont souvent très épineux et ont une cuticule très épaisse. Cette espèce ne fait pas exception. Pour sa taille c’est certainement le phasme le plus fortement pourvu d’épines et peut-être même l’insecte le plus épineux au monde. Son nom d’espèce que l’on peut traduire du latin comme "ne me touche pas" est un bon avertissement !

J’ai souffert d’une douloureuse blessure une nuit à Bornéo en posant la main sur un mâle adulte, l’insecte semblait indemne mais ma main saignait. Une autre fois une femelle me tomba sur la tête alors que je remuais le buisson sur lequel elle se trouvait. Comme, j’ai le sommet du crâne quelque peu dégarni, l’incident s’avéra douloureux sans pour autant faire couler le sang ! La défense semble purement passive, leurs pattes ne sont pas pourvues d’épines comme certains des géants de la famille, Heteropteryx dilatata (Parkinson) ou Haaniella sp. On peut donc les prendre avec précautions sans risque de blessure. Les épines que possèdent sur le dos les mâles et les femelles (fig. 1) peuvent cependant leur fournir une bonne protection contre les prédateurs.

Cette espèce est très commune dans certaines régions du Sarawak, spécialement là où la forêt primaire a été défrichée. Jusqu’à présent je pensais que, comme son nom l’indique, l’espèce était à l’abri des attaques des prédateurs habituels des phasmes. Je savais que les araignées mangeaient les jeunes en captivité pour avoir occasionnellement observé des évadés dans des toiles dans ma pièce d’élevage. Ceci n’est pas surprenant, les épines ne constituent pas une protection contre les araignées qui peuvent les éviter. Elles consomment l’intérieur du corps et laissent tomber les épines et l’épaisse cuticule. Il semblait que le problème soit différent pour les prédateurs qui ingèrent tout ou partie de l’insecte ; ils pourraient trouver la bouchée un peu épineuse. Je décidai de tester mes suppositions en en offrant un à mes lézards familiers, des Scinques ocellés (Chalcides ocellatus), une espèce méditerranéenne. Un mâle E. nolimetangere fut placé dans la cage d’un couple de Scinques à jeun depuis 10 jours. Je les nourris habituellement toutes les semaines. Ils mesurent tous les deux environ 25 cm et ont déjà eu de temps en temps d’autres espèces de phasmes avant l’expérience. La cage est divisée en trois parties distinctes, deux contiennent du sable sur une épaisseur de 5 cm et la troisième 5 cm de fragments d’écorce. Je plaçai le phasme sur les fragments d’écorce. Il demeura immobile et son camouflage était très bon car sa couleur était identique.

Dans les secondes qui suivirent le mâle moins timide que la femelle sortit de sa cachette et vint renifler le phasme. Une seconde plus tard le lézard saisit le phasme dans sa gueule et commença à le secouer violemment. C’est un traitement typique pour les proies difficiles a tuer a cause de leur grande taille ou pour celles qui sont coriaces. A un moment le phasme a été projeté au sol puis repris immédiatement. Le mâle Scinque, toujours secouant sa proie disparut alors de la vue derrière un gros fragment d’écorce et après des bruits de lutte en ressortit rapidement un fragment d’abdomen dans la gueule avant de disparaître à nouveau. La cage, examinée plus tard ne révéla aucun reste du phasme dont les épines, dans ce cas n’ont pas découragées le prédateur. Le problème principal pour le lézard est certainement 1 épaisseur de la cuticule. Je ne doute pas que, bien nourri le lézard ingérera E. nolimetangere plutôt que de s’attaquer à une proie difficile mais les épines ne constituent pas une défense parfaite.

Dans la nature, les épines ainsi que leurs habitudes nocturnes peuvent assurer une protection suffisante. Sur le mont Serapi, au Sarawak, j’ai trouvé de nuit de nombreux E, nolimetangere et j’ai vu le jour des lézards dont un certains nombre de Scinques.

 
Post Scriptum :
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