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Le Monde des Insectes

Le site et le forum insecte.org sont le lieu de rencontre de tous les passionnés d’insectes, quels que soient leur niveau, leur approche et leurs objectifs.

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Il privilégie un esprit de convivialité, sans imposer de hiérarchie officielle, pour que les discussions puissent s’enrichir librement aussi bien des erreurs des uns que des explications patientes de ceux qui en connaissent plus.

ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Elevage d’un Phasme feuille de la faune de Guyane : Cranidium gibbosum
jeudi 9 février 2006
par Arno

Par Patrick MOSCONI

11, rue Coustou F-66000 Perpignan

Trouvé sur http://perso.libertysurf.fr/rare/elevages.htm

Les Phasmes sont des insectes absolument inoffensifs, dont la seule défense est constituée par une étonnante faculté de mimétisme qui leur fait reproduire la morphologie externe de leurs plantes hôtes avec un détail frisant la perfection.

Ainsi, même la personne qui les élève a parfois du mal à les distinguer au milieu de la végétation des cages d’élevage. Pour parfaire encore, si besoin était, leur camouflage, certaines espèces sont vertes ou brunes en fonction de l’hygrométrie, la température ou la lumière ce qui leur permet de suivre le changement de couleur des végétaux en fonction des changements climatiques. Ces variations de couleur s’opèrent sur plusieurs heures voire sur plusieurs jours et il y a aussi des modifications chromatiques entre le jour et la nuit. Les phasmes poussent le mimétisme jusqu’à pondre des oeufs, de forme et de taille variable selon les espèces, mais qui ressemblent tous à des graines.

Description :

Cranidium gibbosum appartient au groupe des phasmes feuilles, c’est-à-dire que les adultes (du moins les femelles) imitent à la perfection de grandes feuilles de couleur vert tendre. Les membranes entre les sternites rappelant immanquablement des nervures. Il s’élève sur la ronce. Il faut les deux sexes pour espérer une reproduction car cette espèce est gonochorique.

La femelle adulte ressemble à une grosse feuille lancéolée de couleur vert-jaune clair. Elle est aptère et possède sur le thorax une série de petites protubérances à bouts rouges. De plus celui-ci est dentelé sur les côtés, sa face ventrale étant munie d’une carène avec deux petites rangées de tubercules. La tête est jaune. Elle mesure 12 à 13 cm, 20 cm si l’on rajoute les pattes antérieures que l’animal allonge souvent devant lui quand il est au repos. Les tarses possèdent de fortes griffes avec lesquelles l’animal peut s’accrocher très solidement aux substrat. La largeur maximale de l’abdomen en forme de feuille est de trois centimètres et les membranes entre les différents segments sont rose-rouges. La femelle est vraiment très belle.

Le mâle est moins ornementé. Plus petit (8 à 9 cm pour le corps), il est ailé, son corps est en forme de brindille vert foncé ; et l’extrémité de son abdomen se termine par un épaississement très net de couleur beige renfermant les organes reproducteurs. La première paire d’ailes est réduite à deux écailles et seule la deuxième est fonctionnelle.

Les ailes sont translucides avec le bord distal bordé d’une bande marron-brun. La tête est marron beige et le bout des antennes ; comme chez la femelle ; est marquée d’un anneau jaune. Il ne vole pas vraiment mais volette plutôt maladroitement et sur de très courtes distances.

Les deux sexes adoptent fréquemment, quand ils sont dérangés un mouvement de feuille au vent en se dandinant d’une patte sur l’autre. L’effet est saisissant et on a l’impression de se trouver devant une feuille allant et venant au gré des courants d’air dans un mouvement de flux et de reflux parfaitement régulier. Ce mouvement permet sûrement à la femelle de se confondre parfaitement avec les feuilles qui l’entoure dans sa forêt d’origine, évidemment avec les feuilles de ronce le rendu est moins bon, quoi que...

Elevage :

La femelle pond même si elle n’est pas fécondée, il est donc parfois difficile, sauf si l’on assiste à l’accouplement, de savoir à partir de quand les oeufs sont fécondés. Pendant l’accouplement le mâle grimpe sur la femelle et maintient la partie renflée de l’extrémité de son abdomen contre l’extrémité de celui de la femelle qui s’entrouvre à la manière de deux lèvres. L’accouplement dure assez longtemps, généralement plusieurs heures. La femelle pond entre un et trois oeufs par jour. Sur la fin de sa vie le rythme de ponte diminue nettement. Elle pond environ 400 oeufs pour une durée de vie totale d’environ quinze mois. A ce nombre il faut retrancher, le cas échéant, tous les oeufs pondus avant fécondation. Les oeufs mesurent entre 4 et 5 mm, sont bruns et operculés.

La principale difficulté de l’élevage de cet insecte concerne l’obtention des éclosions.

Les oeufs doivent être maintenus à une température de l’ordre de 20-30°C à un taux d’humidité important, de l’ordre de 90%. Je les ai maintenus pour ma part sur du terreau d’une épaisseur de 5 centimètres dans un petit bac en plastique. Le haut du bac est fermé par une moustiquaire maintenue par un élastique pour éviter aux nouveaux-nés de s’échapper. Un morceau de Plexiglas troué (afin de permettre l’aération) est posé sur la moustiquaire pour maintenir l’humidité du bac entre 80 et 90 %. Le terreau présente l’avantage, par son acidité (entre 6 et 6,2), de limiter l’apparition de champignons en atmosphère très humide. Le substrat est bien humidifié au départ puis une fois que les oeufs y sont déposés on pulvérise de l’eau à travers la moustiquaire de temps en temps.

On peut surveiller le degré d’hygrométrie avec un hygromètre placé dans le bac avec les oeufs. Le développement complet (du nouveau né à l’adulte) dure environ quatre mois.

Les jeunes à l’éclosion mesurent environ deux centimètres et demi pour le corps, ils sont très mobile et se déplacent avec beaucoup de vélocité quand on les dérange. Ils sont jaunes annelés de noir ou jaunes annelés de rouge. Contrairement aux phasmes-brindilles (comme les Bacillus) qui s’immobilisent confiant en leur mimétisme, les petits Cranidium se sauvent à toute allure à la moindre alerte. Les sexes peuvent se reconnaître dés la deuxième mue car leur morphologie est alors assez différenciée. Ils muent toutes les deux semaines, les subadultes muant toutes les trois semaines environ. Mes individus n’ont jamais été difficiles pour la nourriture, ils se sont accommodés de tous les types de ronces (ronces épineuses de milieu sec, grandes ronces de forêts humides, ronces dures d’hiver, etc...) et même occasionnellement de framboisier. Les jeunes ne doivent pas être maintenus avec les oeufs devant éclore car les déjections qu’ils produisent se couvrent rapidement de moisissures en milieu humide et celles-ci entravent le bon développement des oeufs. Il est préférable d’élever les jeunes dans de petites enceintes de 20 cm x 20 cm x 30 cm, en veillant bien à ce qu’ils ne puissent pas tomber dans le récipient dans lequel les ronces plongent sous peine de noyade. Pour cela il suffit que des feuilles et les tiges des ronces oblitèrent complètement l’accès à l’eau. Après deux ou trois mues, on peut les placer avec les adultes. Ces derniers supportent une plage de température relativement importante. On doit les élever à la température d’un appartement, soit en fonction des variations saisonnières, entre 20 et 30°C en températures diurnes, entre 17 et 25°C en températures nocturnes. J’ai essayé de ne pas descendre en dessous de 16-17°C en températures minimales la nuit, mais il m’est arrivé, lors de transports hivernaux par exemple, de descendre, sur des périodes assez courtes, jusqu’à 13 °C, sans dommage pour les animaux. De même l’été les animaux sont montés parfois à 35°C en température diurne. Il faut alors qu’ils disposent souvent d’eau sous forme de rosée vaporisée sur les plantes, il peuvent boire aussi directement dans une sous tasse peu profonde. La cage d’élevage des adultes doit être assez spacieuse pour qu’ils puissent effectuer les dernières mues sans problème. Elle est aspergée d’eau avec un vaporisateur à plantes au moins une fois par jour, deux ou trois fois par jour en été quand l’atmosphère est plus sèche. L’arrosage déclenche souvent la prise de nourriture par les phasmes, il préfèrent visiblement croquer des feuille humides (la perception de la présence d’eau se faisant au niveau des antennes). Les femelles avec leurs pièces buccales très puissantes consomment non seulement les feuilles mais aussi les pétioles et les tiges les plus tendres. Leur longévité est variable suivant le sexe, les femelles vivent environ quinze mois, les mâles environ sept mois. L’élevage de cette espèce est moyennement difficile, la principale difficulté étant d’obtenir l’éclosion des oeufs. Ceux-ci mettent huit à neuf mois à éclore au minimum.

Actuellement la deuxième génération commence à naître dans mes cages mais le taux d’éclosion est assez bas pour l’instant. C’est dans ce sens qu’il faut travailler pour améliorer la maintenance de cette espèce.

En espérant vous avoir convaincu de l’intérêt de l’élevage de ce superbe phasme, il ne vous reste plus maintenant qu’à essayer de vous procurer une souche, le plus difficile commence...