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Le Monde des Insectes

Le site et le forum insecte.org sont le lieu de rencontre de tous les passionnés d’insectes, quels que soient leur niveau, leur approche et leurs objectifs.

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Il privilégie un esprit de convivialité, sans imposer de hiérarchie officielle, pour que les discussions puissent s’enrichir librement aussi bien des erreurs des uns que des explications patientes de ceux qui en connaissent plus.

ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Récolte et conservation des Phasmes
samedi 21 octobre 2006
par Arno , brunob

P. Bragg - Extrait de AES Bulletin (1990) 49, P 271-275 - Traduit de l’anglais par S. Mallet.

LE MONDE DES PHASMES n° 13 (Mai 1991)

Publié avec l’accord de P. Bragg - Merci !

INTRODUCTION :

De nombreux livres et articles expliquent aux entomologistes comment récolter et conserver les insectes. Beaucoup d’entre eux donnent des conseils et des techniques particulières nécessaires pour certains ordres d’insectes. De nombreux livres donnent des conseils concernant les Orthoptères, cependant je n’en ai pas encore trouvé un qui donne des conseils précis sur la capture et la conservation des Phasmes.

Les Phasmes sont des insectes particuliers qui nécessitent des méthodes adaptées. Ils sont exceptionnels à plus d’un titre, chacun créant des problèmes au niveau de la conservation. On y trouve les insectes les plus grands avec Pharnacia serratipes (Gray) = Phobaeticus serratipes qui est un des plus grands insectes du monde et Heteropteryx dilatata (Parkinson) prétendant au titre du plus lourd insecte (Wood 1976) ; beaucoup ont un corps très mou et des couleurs vives qui rendent leur conservation diffIcile. De plus c’est un ordre principalement nocturne et qui peut compter sur un mimétisme voisin de la perfection comme moyen de défense principal.

RECOLTE :

Le domaine de la récolte des phasmes a été brièvement traité. Harman (dans Brock 1985) donne des conseils généraux et j’ai moi-même (Bragg 1988) donné des conseils sur l’équipement pour la capture des phasmes dans la forêt humide. Bien que quelques petites espèces volantes puissent être vues durant la journée, la chasse de nuit est la seule méthode valable pour capturer des phasmes. La technique du battage, suggérée dans le "British Museum guide to collecting" (Cogan et Smith 1974), est peu rentable si l’on ne s’intéresse qu’aux phasmes ; vous n’en récolterez que très peu tant que vous ne battrez pas la nuit. Dans ce cas, il est aisé de les repérer et de les capturer à la main.

Harman conseille d’utiliser une torche frontale. Ma propre expérience est qu’il serait insensé de partir sans cet accessoire. Les lampes frontales ont pour objectif principal de laisser les deux mains libres pour bouger le feuillage et capturer les insectes. Sans l’aide d’une lampe frontale, il est nécessaire de chasser avec un partenaire, faute de quoi un nombre non négligeable d’insectes s’échappera si le chasseur tente de les capturer avec une seule main. Un filet à manche court peut être utilisé pour capturer des espèces en vol ou pour emprisonner les insectes le temps d’ouvrir un container. Un filet à long manche est rarement utile et généralement trop encombrant pour qu’il vaille la peine de l’emporter. La meilleure technique consiste à placer le filet sous le phasme et d’approcher votre main de l’insecte par le haut. Beaucoup d’espèces se laissent tomber dans le filet quand elles sont dérangées.

La majorité des espèces se rencontrent dans les régions tropicales principalement dans les forêts humides. Dans ces régions, pour des raisons de confort, il est bon de porter aussi peu d’équipement que possible. Les récipients en verre, lourdes boites etc... sont à proscrire.

Si le but est de récolter des spécimens vivants, les insectes peuvent être placés dans un sac plastique avec un échantillon de la plante sur laquelle on les a trouvé. Le haut du sac peut être glissé dans une ceinture portée à la taille. Quand il y a assez d’insectes dans le sac, on le ferme avec un élastique et on l’attache à la ceinture. Si la durée de la récolte dépasse quelques heures, ou si l’on capture des grandes espèces fragiles, les insectes doivent être transférés aussi vite que possible dans des boites en plastique.

TUER LES PHASMES :

Généralement, je prépare des insectes qui sont déjà morts, car mon objectif est de capturer des phasmes vivants pour en tenter l’élevage en captivité. Cependant j’ai trouvé l’éther acétique (acétate d’éthyle) efficace pour tuer les phasmes. Si on laisse les insectes trop longtemps à son contact, les couleurs peuvent être modifiées, principalement les vert vif qui virent au jaune pâle. Les oeufs peuvent être tués en les plaçant quelques heures au congélateur.

PREPARATION DES SPECIMENS MORTS :

Le corps des phasmes est relativement épais, généralement mou et se décompose rapidement ce qui nécessite un dessèchement rapide. La lyophilisation donne de bons résultats mais c’est une méthode qui n’est généralement pas accessible à l’amateur et en tout cas, jamais lors d’une collecte à l’étranger. L’un des problèmes majeurs est que les phasmes sont principalement des insectes tropicaux. La plupart des gens ne peuvent les récolter que durant leurs vacances et ne disposent pas de toutes les facilités. Ma méthode de conservation est de dessécher les phasmes dans une enceinte chauffée à 80°C ; ceci n’est généralement pas possible lors d’un voyage à l’étranger. La méthode consistant à sécher les insectes au soleil tropical n’est pas très indiqué pour les phasmes. Des couleurs comme le rouge ou le vert tournent rapidement au brun et les gros spécimens ont le temps de se décomposer. La décomposition est un des problèmes majeurs même pour les petits spécimens qui meurent de causes naturelles, car il peut se passer un certain temps avant que l’on puisse s’en occuper. Sous les tropiques, j’ai utilisé avec succès les deux techniques suivantes :

- a) Eviscération et remplissage avec du coton :

Cette technique a été suggérée par plusieurs auteurs pour les gros orthoptères, sauterelles ou criquets (Knudsen 1966) et Durkin (Durkin 1985) a indiqué une méthode pour les phasmes. C’est un procédé laborieux qui donne de bons résultats avec les Heteropteryginae qui possèdent une cuticule épaisse. Elle marche bien également pour les gros spécimens des autres familles mais est beaucoup plus difficile car la couleur disparaît facilement. Si la méthode est bien appliquée, l’insecte se dessèche rapidement et la couleur ainsi que la forme du corps sont conservées. J’ai utilisé avec succès la méthode suivante pour des espèces de la taille de Carausius morosus (Sinéty).

A l’aide d’un scalpel, je fais une entaille entre le métathorax et le premier segment abdominal, j’utilise ensuite une fine paire de pinces pour retirer les viscères. Pour les phasmes trop longs, je fais une seconde entaille entre le quatrième et le cinquième segment abdominal. Je remplis ensuite l’insecte avec du coton blanc. Bien que d’autres couleurs pourraient donner un meilleur aspect dans le cas ou la couleur de base se serait perdue, je préfère le blanc car il ne peut pas être confondu avec la couleur naturelle. L’opération de bourrage est très longue car il faut mettre successivement et avec précaution de nombreux petits fragments de coton pour ne pas endommager la cuticule.

Cette méthode présente également l’avantage de pouvoir récupérer des oeufs qui, s’ils ne peuvent pas servir à la reproduction pourront être mis en collection avec les spécimens. Les oeufs de la plupart des espèces n’ont encore jamais été décrits.

- b) Injection avec de l’éthanol à 100% :

Une fine aiguille hypodermique et une seringue de 1 à 2 ml peuvent être utilisées pour injecter les petites espèces.

L’aiguille est introduite entre le métathorax et le premier segment abdominal et l’alcool est injecté jusqu’à ce qu’il ressorte par la bouche et l’anus. Dans le cas contraire, une seconde injection est nécessaire pour que la cavité du corps soit complètement Imbibée. Les insectes doivent alors être laissés dans un local sombre et bien ventilé. On peut parfois déplorer certaines pertes de couleur avec notamment le vert virant au jaune, mais généralement moins que du fait du soleil. Quelle que soit la méthode utilisée, parmi les deux sus citées, les insectes doivent être mis à sécher dans un local sombre et ventilé.

TRANSPORT DES SPECIMENS MORTS :

Ramener de vos vacances de grands insectes fragiles peut représenter quelques difficultés. Il faut éviter d’avoir à les manipuler à nouveau une fois rentré car des insectes si fragiles seraient inévitablement endommagés. Je prépare les phasmes sur place mais sans les transpercer d’une épingle. Quand ils sont secs, je les place sur un morceau de carton rigide que je recouvre ensuite de papier cellophane. Un certain nombre d’insectes peut ainsi être emballé dans une boite rigide et revenir en toute sécurité dans les bagages en soute. Si les insectes sont épinglés dans une boite, il faudra les transporter en bagage à main pour réduire les risques de casse.

PREPARATION ET STOCKAGE :

La préparation des phasmes doit être un compromis entre l’espace occupé, l’apparence et la facilité d’étude. Vous devez savoir quel est le but de votre collection. Si le but est utilitaire, vous devez vous assurer que les pattes et les côtés du corps sont clairement visibles. Il est également souhaitable de n’étaler qu’une des ailes, c’est suffisant pour la taxonomie et cela gagne de la place. Si vous voulez seulement faire une collection décorative, quelques spécimens parfaitement préparés vous suffiront certainement.

En. raison de leur taille, on doit s’intéresser particulièrement à la façon ’épingler les phasmes. Traditionnelle­ment, l’épingle est enfoncée au niveau du prothorax ou du mésothorax qui se trouve être le centre de gravité de l’insecte. Cependant, comme les phasmes n’ont pas l’allure traditionnelle des insectes, le centre de gravité se trouve déplacé et il n’y a aucune raison de ne pas rompre avec la tradition en enfonçant l’épingle ailleurs. Il n’y a pas de "bonne" ou de "mauvaise" manière pour piquer un insecte, il n’y a seulement des manières et la "meilleure" manière. La longueur de l’épingle est importante, surtout avec les grosses espèces. J’utilise souvent des épingles de 38 mm, ceci sous entend que vous devez avoir des boites assez hautes.

La longueur des pattes peut poser certains problèmes. Leur position peut avoir son importance. La plupart des espèces ont au repos les pattes médianes repliées vers l’arrière et il semble que ce soit la meilleure manière de présenter les phasmes. Cependant, avec un spécimen ailé, les ailes étalées cachant généralement les pattes médianes si elles sont dirigées vers l’arrière. Comme les pattes sont un élément important pour la diagnose, je présente généralement les pattes vers l’avant quand les ailes sont étalées. Il faut prendre garde à ce que les pattes ne bougent pas pendant le séchage.

J’ai déjà utilisé jusqu’à 100 épingles pour maintenir en position les pattes et les antennes d’un gros spécimen. Un autre point à considérer est la place occupée si les pattes sont étalées loin du corps, le phasme peut occuper jusqu’à 10 fois plus de place que si les pattes sont maintenues le long du corps ! Installer un phasme dans sa boite peut être un problème si l’insecte dépasse la longueur de la boite. Dans ce cas la seule solution est de la mettre en diagonale ou d’acheter une boite plus grande ! Avec un insecte de cette taille, il est bon, même si l’aiguille est piquée au centre de gravité, de placer deux épingles de part et d’autres de l’abdomen pour éviter que l’insecte ne bouge.

La tendance actuelle consiste à n’utiliser aucun insecticide pour éviter les parasites. Personnellement, Je suis partisan d’en utiliser. Un gros phasme peut être attaqué et gravement endommagé bien avant que la moindre poussière ne vienne trahir la présence du parasite. Le désastre peut être stoppé par l’emploi d’un Insecticide de type "Vapona" ou de façon plus écologique en plaçant la boite au congélateur pendant au moins 24 heures. Cette dernière idée m’a été suggérée il y a quelques années par Henry Berman (AES 5573) et elle .s’est avérée très efficace les rares fois ou j’ai eu des parasites.

PRESENTATION DES OEUFS :

On a le choix entre deux méthodes : coller les oeufs sur un bristol ou les monter dans des gélules transparentes comme celles utilisées en pharmacie pour les médicaments en poudre. La meilleure méthode est la dernière car les oeufs ne prennent pas la poussière et peuvent être examinés sous toutes les faces.


BIBLIOGRAPHIE :

- Bragg P.E. (1988) : Rain forest safari. P.S.G. Newsletter 34 : 8-9.

- Brock P.D. (1985) : The phasmid rearers hanbook. A.E.S. Publications.

- Cogan RH. & Smith KG.V. (1974) : Instructions for collectors n° 4a : Insects. 5th. Edition British Museum Natural History.

- Durkin A. (1985) : Stuffing larger Phasmids. P.S.G. Newsletter 22 : 2-3.

- Harman A. (1985) : Collecting Phasmids in Brock P.D. : 36-38.

- Knudsen J.W. (1966) : Biological techniques. Harper & Row, London.

- Wood G.L. (1976) : The Guinness book of animals facts and feats. (2eme edition) Guinness London.

 
Post Scriptum :
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