Parectatosoma mocquerysi P.S.G.n°258
Finot, 1897 ANISACANTHINAE
vendredi 25 août 2006
par Arno , brunob

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Origine : Madagascar

Aspect : Magnifique phasme épineux. Espèce découverte par A. Mocquerys dans une région boisée près de Maroacentra au Nord-Est de Madagascar. Décrite et dédiée à son inventeur par M. Finot dans les annales de la Société entomologique de France.

Sources : A.L. Clément - 1898 - La Nature. Revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l’industrie. Suivi de : Bulletin météorologique de La Nature, Boîte aux lettres, Nouvelles scientifiques Volume 1903 : Trente et unième année, deuxième semestre : n°1567 à 1592 Description[4]-428 p., 419 ill.

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Mâle adulte
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Femelle adulte

Jeune : Déjà gros à la naissance mais ce n’est tout de même pas un Haaniella ! Les jeunes stades présentent des teintes vertes assez claires qui disparaissent à l’âge adulte.

Mâle : 8,5 à 9 cm de long, le corps d’abord clair après la mue ne tarde pas à s’assombrir en 2-3 jours, une longue marque claire s’observe le long du mésothorax mais le reste du corps est sombre ce qui fait ressortir les liserés rouges des pattes et les épines rouges du thorax, superbe bête ! Une tâche blanche s’observe sur la première paire de micro-ailes. Les antennes striées de noir et de blanc mesurent environ 8 cm, voire un peu plus soit la longueur du corps à peu de chose près.

Femelle : 11 à 11,5 cm (+ ou - 0,5 cm). Un V blanc marque le mésothorax. La teinte est d’un aspect velouté alliant le noir, le vert et le brun en « patchwork » très sombre mais très joli ! Elle est plus massive et plus trapue que le mâle. Ses antennes mesurent 7 à 8 cm.

Remarques importantes : En cas de menace, cette espèce libère une substance blanchâtre à l’aide de ses glandes défensives prothoraciques.

Ce liquide défensif blanchâtre dont le principe actif ne nous était pas encore connu lors de l’établissement de la souche s’oxyde à l’air et donne une fâcheuse teinte orangée persistante (genre Henné) que l’on retrouve sur les doigts. Il est vrai que cela est très surprenant la première fois qu’on se fait « avoir », d’autant que ce pigment est très tenace et peut mettre plusieurs jours à disparaître.

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Mains salies par les Parectatosoma lors du changement des plantes nourricières
Cela tient sur les mains pendant 2 à 3 jours - Photo Kristien Rabaey - Rob Simoens

L’odeur dégagée par cette substance n’est pas sans rappeler celle de certains terpènes produits par quelques Pseudophasmatinae.
Voir ces 2 articles : The Twostriped Walkingstick, Anisomorpha buprestoides et Jet défensif d’un phasme.
L’association de cette odeur et la teinte rouge permettent également de faire le rapprochement avec les méthodes défensives de certaines punaises phytophages et Iules, puisque quelques-unes laissent de petites tâches rouges-orangées sur les doigts après manipulation.

Afin d’en savoir un peu plus sur cette substance quelques individus ont été envoyés à J.J. Peres pour avoir son avis. Il s’agirait bien du même produit à peu de chose près, le pourcentage d’acide cyanhydrique étant différent, à cela s’ajoutent des terpènes récupérés sur les plantes nourricières. Toujours selon J.J. Peres il se pourrait qu’à l’instar de Dendrobates, les Parectatosoma perdent un peu ou totalement leur toxicité en changeant leur régime alimentaire, à voir... A voir en effet car le Millepertuis (genre Hypericum), sans être toxique, contient de nombreuses substances actives, ce genre est en effet utilisé à des fins médicinales de longue date. Ces substances sont-elles modifiées par l’animal dans un but défensif ? Quant aux genres Cotinus et Rhus eux aussi acceptés par l’espèce P. mocquerysi, leur toxicité est avérée, ces Anacardiaceae furent classés par le passé dans le genre Toxicodendron (littéralement « Arbre Toxique »). (A.S.)

La promiscuité liée à la surpopulation toujours de mise dans une enceinte d’élevage peut-elle aussi jouer un rôle sur la toxicité de la substance produite ? La question peut se poser, J.J. Peres me soumet en effet une remarque sur les Iules qui produisent également un complexe vénéneux, mais leur toxicité s’estompe si on les maintient individuellement, l’union fait la force... Bref, plein d’éléments à découvrir !

La prudence est donc de rigueur, se laver les mains après manipulation est un minimum, on conseillera plutôt l’utilisation de gants, solution certes contraignante mais qui reste très certainement la meilleure mesure préventive. Pas génial donc

Tout comme Heteropteryx dilatata, cette espèce stridule lorsqu’on la dérange.

Nourriture : Suite aux informations de Nicolas Cliquennois plusieurs pistes ont été envisagées.

- L’espèce se nourrit sans problème de Schinus terebenthifolius (Amérique du Sud) et de Mangifera indica (Asie du Sud-Est) deux espèces non indigènes de Madagascar appartenant à la famille des Anacardiaceae. On peut trouver dans le commerce aux rayons « épices » et sous l’appellation « baies roses » des fruits de Schinus terebenthifolius. Ceux-ci germent facilement et donnent assez rapidement de petits arbrisseaux « exploitables » pour nos usages pour peu que l’on prenne la peine de les rempoter régulièrement. (A prévoir en quantité tout de même).

Espérons pouvoir faire des essais représentatifs avec la prochaine génération, les plants auront poussé d’ici là mais espérons également que la souche de P. mocquerysi sera, elle aussi, établie (Nous pensons sincèrement que c’est en bonne voie).

La piste Anacardiaceae a donc été suivie, néanmoins les essais pratiqués sur la première génération en élevage n’ont pas été fructueux, ce fut différent avec la génération suivante, les deux espèces fréquemment cultivées dans nos régions : Cotinus coggyria et Rhus hirta ont été acceptés. Ces deux espèces sont malheureusement caduques.

  • Les Ronces ne sont acceptées qu’à partir du stade 3-4, autant en rajouter dans l’alimentation à partir de ces stades mais nous ne pensons pas que seules les ronces puissent convenir sur le long terme, preuve en est qu’elles sont rapidement délaissées au fur et à mesure des mues pour finalement ne plus être acceptées du tout.
  • Le Millepertuis (genre Hypericum) semble, une fois de plus, être la plante providentielle, elle a permis de passer les deux premiers stades sans trop de casse. De plus le Millepertuis est très nettement préféré aux plants de Schinus que j’ai pu proposé aux juvéniles.
  • Le Chêne a donné des résultat mitigés selon les espèces, seule Quercus rubra semble sortir du lot et encore ce n’est pas l’idéal. Le Hêtre (Fagus sylvatica) est beaucoup mieux accepté mais ceci ne semble vraiment pas être la panacée.
  • Dans leur milieu naturel, il semblerait qu’ils acceptent une plante de la famille des Tiliacées. Des essais avec des plantes de cette famille n’ont cependant pas encore été réalisés. Affaire à suivre.
  • Le genre Pistacia pourrait être intéressant pour les éleveurs habitant la région méditerranéenne. A confirmer.
  • Le genre Pyracantha peut dépanner aussi pendant l’hiver mais ses petites feuilles et ses épines acérées deviennent rapidement un handicap plus qu’une aide...
  • Le Photinia peut également servir en "dépannage".

Note de Kristien Rabaey et Rob Simoens : ils préfèrent l’Hypericum cultivar "hidcot".

Reproduction : Sexuée. Dans un premier temps, aucun accouplement n’a pu être observé ce qui a laissé penser à un accouplement nocturne mais qui plus est très certainement fugace. Il n’en est rien, les premiers adultes ne semblent pas s’être accouplés, que ce soit chez moi ou chez Arnaud Bauduin qui a reçu aussi quelques individus. Les individus adultes apparus plus tard ont montré des accouplement très longs (plusieurs heures) diurnes et nocturnes.

Incubation : Il faudrait compter environ 8 mois d’incubation en l’état actuel des choses, à confirmer par la suite, en particulier, les naissances s’étalent chez moi depuis plus de 5 mois. Actuellement l’incubation semble s’étaler sur une période allant de 5 à 8 mois voire plus.

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Boite d’incubation avec mousse synthétique
Photo Bruno Biron
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Photo Bruno Biron

Les oeufs sont bruns noirs et ovales. 4,5 mm de long environ. Pour le moment les oeufs sont placés sur une mousse synthétique ou de la vermiculite dans une boite maintenue humide à 25°C (en évitant les moisissures)...

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L1 sur plant de Schinus terebenthifolius
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L3 de couleur beige femelle
Noter les expansions foliacées des fémurs des pattes médianes et postérieures.
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Couple de L3
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L3 de couleur verte - mâle
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Photo Kristien Rabaey - Rob Simoens
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Portrait de L3
Noter la teinte rouge des épines de la tête.
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Femelle sub-adulte
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L5
Photo Kristien Rabaey - Rob Simoens
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Mâle sub-adulte
Photo Kristien Rabaey - Rob Simoens
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L6 - Femelle sub-adulte
Photo Kristien Rabaey - Rob Simoens
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Femelle adulte
Photo Kristien Rabaey - Rob Simoens
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Mâle adulte
Noter la teinte claire des jeunes adultes qui va s’assombrir en quelques jours
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Mâle adulte
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Femelle adulte
Photo Christophe Hanot
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Femelle adulte
Photo Christophe Hanot
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Femelle adulte
Photo Christophe Hanot
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Femelle adulte
Photo Christophe Hanot
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Mâle adulte
Photo Christophe Hanot
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Mâle adulte
Photo Christophe Hanot
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