Observation comportementale chez Sipyloidea sipylus adulte
lundi 8 mai 2006
par Arno

Florian Mancet

LE MONDE DES PHASMES n° 34 (Juin 1996) GROUPE D’ETUDE DES PHASMES

Après avoir ouvert l’enceinte d’Ă©levage de mes phasmes, vers onze heures du soir dans la pĂ©nombre, j’observais que certains adultes immobiles balançaient leurs antennes plus ou moins vite selon les individus. Voyant qu’il ne se passait rien, je soufflais sur l’un d’entre eux qui se mis aussitĂ´t Ă grimper sur la toiture, je fit les observations suivantes (le phasme en question Ă©tait un adulte dont la dernière mue Ă©tait rĂ©cente) :

- I) Le phasme se plaçait dans une position qui, j’allais le voir, Ă©tait caractĂ©ristique de l’espèce. En effet, dès que le phasme ne put plus grimper, faute de support, il se campait sur ces pattes postĂ©rieures et mĂ©dianes de telle façon que l’extrĂ©mitĂ© de l’abdomen touche le sol et que la tĂŞte soit la plus haute possible. Une fois dans cette position il balança ses antennes alternativement de haut en bas Ă une cadence soutenue. La mĂŞme observation a Ă©tĂ© faite avec d’autres phasmes.

- II) Ensuite, je fis l’expĂ©rience suivante : j’approchais la main en faisant des gestes brusques et saccadĂ©s de haut en baso dès que je fus Ă environ dix centimètres de l’insecte, celui-ci se plaqua au sol pour se protĂ©ger. Je pense donc que le mouvement des antennes sert Ă dĂ©tecter les turbulences de l’air.

- III) Je constatais ensuite qu’un phasme grimpe jusqu’Ă ce qu’il trouve de la nourriture et tant qu’il a de quoi grimper. On note d’ailleurs que si l’on propose au phasme un objet immobile, il monte dessus. Si en chemin il trouve de la nourriture, il s’arrĂŞte et mange. Mais si il n’y a ni nourriture ni support pour s’agripper le phasme s’arrĂŞte pendant une pĂ©riode plus ou moins longue (environ cinq minutes). Durant ce laps de temps il inspecte les alentours et, si il n’y a aucun danger, il s’envole (les vols ne sont jamais très longs et le phasme s’agrippe au premier objet venu), puis atterrit et. reprend sa position de recherche.

Autre observation sans rapport avec les prĂ©cĂ©dentes. Dans l’article que j’avais fait paraĂ®tre dans le Monde Des Phasmes n° 29 et qui avait pour titre "Les pieds sur la tĂŞte", il Ă©tait question d’une expĂ©rience sur la rĂ©gĂ©nĂ©ration de l’antenne après une coupe au niveau des articles 1 et 2 (N.P. HĂ©tĂ©romorphose). J’ai rĂ©alisĂ© cette expĂ©rience sur Sipyloidea sipylus et j’ai fait les observations suivantes : Ce n’est qu’après la deuxième ou la troisième mue que les diffĂ©rentes parties de la patte,"poussant" au sommet de la tĂŞte, deviennent bien visibles. Dès lors, une patte nous apparaĂ®t, minuscule et dont le fĂ©mur et le tibia sont très petits et mal formĂ©s. Les articles quant Ă eux sont très apparents et bien formĂ©s. La patte ne mesure que 5 mm de longueur.

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Antenne rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e sous la forme de l’extrĂ©mitĂ© d’une patte (tarse) chez une femelle adulte de Sipyloidea
Cliché Emmanuel Delfosse.

- N.D.L.R. : Les espèces possĂ©dant de longues antennes se servent souvent de ces dernières pour trouver un support lors de leurs dĂ©placements. Un peu comme le font les non-voyants avec leur canne !

Voir ici un article de Volker DĂĽrr et al au sujet du mouvement des antennes.

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