Observations anatomiques sur une variété de Phyllium celebicum (De Haan) de Thaïlande.
mercredi 8 novembre 2006
par Arno
A. DESCHANDOL - Le Monde des Phasmes n°12 - Mars 1991

Parmi tous les articles publiés sur les Phyllium il en est peu consacré à leur élevage. A MURRAY 1856, W. MORTON 1903, FOUCHER 1916, ont publié des observations intéressantes sur leurs élevages personnels mais les difficultés rencontrées pour maintenir en cage certaines espèces n’ont pas permis jusque là d’avoir une connaissance approfondie des moeurs de ces insectes très attractifs. Quelques espèces apparaissent depuis quelques années dans les élevages européens : Ph. bioculatum, Ph. giganteum et dernièrement Ph. celebicum. Cette dernière espèce semble plus facile à élever que les autres et elle devrait être bientôt très courante chez les éleveurs. Les observations décrites ci-après ne concernent qu’une variété de Ph. celebicum provenant de Thaïlande, faute d’en avoir d’autres en élevage.

1. AILES :

Habituellement les femelles Phyllium ne possèdent pas d’ailes, or sous les élytres de la Ph. celebicum se cachent des ailes développées de 4 cm de long environ. ces ailes ne lui permettent pas de voler le poids du corps étant trop élevé. Les ailes du mâle sont similaires à celles d’autres espèces de Phyllium. Elles lui permettent de voleter sur de courtes distances, notamment pour aller féconder les femelles.

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Couple adulte

2. ANTENNES :

a) Mâles : Les longues antennes des mâles (plus de 40 mm) sont de couleur vert clair. Seuls les trois derniers articles sont marrons.

b) Femelles : Similaires à celles des autres espèces, les antennes de la femelle Ph. celebicum possèdent l’organe de stridulation permettant d’émettre des sons de faible intensité que l’on peut entendre en approchant l’insecte de l’oreille. Le bruit est produit par le frottement des bases des antennes l’une contre l’autre alternativement de haut en bas.

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Antennes

Il est à noter que seules les femelles et les jeunes des deux sexes du dernier stade sont pourvus de cet organe de stridulation. Les femelles adultes n’ont plus d’appareil de stridulation. Etonnant !

3. TETE :

En examinant la tête d’une femelle à la loupe on découvre que les reliefs qu’elle possède sur le front forment un dessin ressemblant à un masque hideux, une sorte de figure monstrueuse...

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Tête

4. GLANDES DE DEFENSE :

Il est très peu connu que les Phyllium possèdent des glandes de défense, comme celles, par exemple, des Anisomorpha buprestoides ou des Oreophoetes peruana. Généralement ces glandes ne sont pas en état de fonctionner et donc, ne se remarquent pas.

Situées de part. et d’autre du pronotum elles servent à projeter un liquide blanchâtre, sorte d’acide, qui a des effets caustiques, notamment sur les muqueuses et les yeux. Cette projection a lieu lorsque l’insecte se sent en danger et c’est sans doute, dans certains cas, un excellent moyen de défense contre les prédateurs (oiseaux, lézards, singes, etc ...).

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Glandes de défense

5. LES OEUFS :

Ils ont la forme d’un petit « jerrican » déformé. Les côtes sont peu marquées et le capitulum est complètement excentré vers le haut. La durée d’incubation est très courte : 3 mois environ, contre le double pour Ph. bioculatum. Cela va favoriser la diffusion de cette espèce dans les élevages !

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Oeufs

La jeune Phyllium à l’éclosion est de couleur marron avec des taches blanches sur le corps et les pattes.

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Jeunes

La Ph. celebicum apparaît comme une espèce qui a évolué moins vite que les autres. La présence des ailes et des glandes de défense en sont témoins. Plus robuste que d’autres espèces elle devrait faire la joie des éleveurs dans les prochaines années. Comme il semble exister plusieurs variétés géographiques il sera intéressant de les comparer.


- HENRY G.M. (1922) : "Stridulation of the leaf-insect". Spolia Zeylanica (B) 12 : 217-219.

- GROSSER D. (1989) : "Stridulationorgane bei Phyllium-Arten". Ent. Zeit. 99 - 18 : 271-272.

- GRÔSSER D. (1990) : "Wehrdrüsen bei Ph. celebicum. De Haan". Ent. Zeit. 100 - 11 : 199-200.

Je remercie M. VERGNE et J.L. MEYER pour l’aide qu’ils m’ont apportée dans les traductions d’allemand.

Post Scriptum :
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