Mue d’une Phyllie
mercredi 8 février 2006
par Arno
Bruno Biron - Email : bironbruno@yahoo.fr

Voici un Extrait de La Biologie des Orthoptères (1938) Lucien Chopard Paul Lechevalier éditeur.

La croissance des phasmes semble se faire par saut brusques divisés en un certain nombre de périodes ou stades, que sépare un détachement de la cuticule appelé mue ou exuviation (Pantel). Dès le début de la période succédant a une mue, les dimensions augmentent brusquement ; la croissance était réalisée antérieurement, mais demeurait latente jusqu’à la chute de la cuticule. A la suppression de l’obstacle formé par la vieille enveloppe tégumentaire devenue trop peu extensible, les cellules épithéliales, jusque là comprimées et disposées en couches plissée, s’étalent en une couche mince et étendue (Pantel). Si l’insecte ne grandit guère dans l’intervalle de deux mues, sa masse change dans des proportions importantes et on compte en général que la mue se produit quand la larve a doublé de poids quelque soit son age. D’après Pantel et De Sinéty, le clivage qui isole la cuticule à exuvier, semble être le résultat d’une sécrétion due exclusivement aux cellules hypodermiques. Cette sécrétion est produite par des glandes de Vernon, composées de une à 3 cellules, et répandues sur toute la surface du corps ; peu avant la mue, ces cellules sécrètent un liquide qui se répand entre la cuticule et l’épiderme.

Quelque jour avant de muer, l’insecte, dont les segments sont distendus, cesse de manger et s’accroche a un support. Entre en jeu la déglutition de l’air d’après KuncKel d’Herculais qui insiste sur l’importance de l’absorption de l’air entrainant le gonflement du jabot pour diminuer la capacité de la cavité générale et pousser le sang dans les régions membraneuses, surtout dans l’ampoule cervicale. D’ailleurs, il semble que l’introduction de l’air ne cesse pas immédiatement après l’éclatement de la cuticule ; elle s’exagère même temporairement de sorte que le nouveau squelette prend sa consistance sous son maximum de superficie. De fait, Pantel constate qu’un Carausius mesurant, aussitôt après la mue, 66 millimètres, perd 3 mm après durcissement des téguments.

La mue a été décrite chez un certain nombre d’espèces d’orthopthères par Fabre, Bérenguier, Bugnion, Kunckel d’Herculais, etc... Elle ne diffère que peu dans les grandes lignes et suivant les groupes. La rupture de la cuticule, obtenue par le gonflement du corps de la larve, se produit sur la ligne médiane du pronotum ; la région antérieure de celui-ci fait hernie par l’ouverture et commence à se dégager ; la tête fortement penchée en avant se présente ensuite par la nuque et par des mouvement alternatifs de flexion et d’extension, se dégage peu à peu, la partie supérieure d’abord puis les pièces buccales. Les antennes restent les dernières engagées et, surtout chez les espèces ou elles sont longues et minces, sont délicates à sortir de leur fourreau.... ...Chez les espèces qui muent la tête en bas, l’insecte doit effectuer à ce moment un rétablissement et éviter une chute qui lui serait fatale.

Aussitôt après la mue, les Orthoptère restent assez longtemps immobiles pendant que leurs téguments acquièrent leur rigidité définitive, car ils sont à ce moment mous et incolores . La pigmentation qui se produit n’est pas uniquement imputable à l’action de la lumière ; Michelson(1922) ... Il doit s’agir avant tout d’un processus d’oxydation ; d’après Mme Phisalix ; elle serait due à l’action d’une thyrosinase sur la thyrosine.

De plus en plus, les auteurs ont tendance à admettre la présence dans le sang des larves d’une hormone inhibitrice qui retarde la métamorphose et permet la croissance en taille (Bodenstein 1933, Koller 1929 , Wigglesworth). Cette hormone disparaîtrait au dernier stade et la dernière mue aurait ainsi une signification différente des précédentes, se rapprochant dans une certaine mesure des véritables métamorphoses des insectes holométaboliques. (N.B. : Cf. Régulation hormonale, action de l’ecdysone et de la néoténine).

Il semble que le nombre de mues soit, en général, plus grand chez les grosses espèces que chez les petites .... 5 (mâle) ou 6 (femelle) chez Carausius morosus... 7 ou 8 chez les grands phasmes genre Eurycnema et Cyphocrania... 6 ou 7 chez les phyllies...

La différence de taille semble bien être la cause principale de ces variations dans le nombre des mues car, dans les premiers âges où cette différence est peu accentuée, les stades sont sensiblement synchrones dans les deux sexes. C’est à partir d’une époque plus avancée dans le développement qu’ils cessent de correspondre pour la durée et le nombre.

Outre la taille de l’insecte, le nombre de mues semble dépendre aussi de la grosseur de la larve à sa sortie de l’œuf et par conséquent, de la grosseur de celui-ci ; Pantel et De Sinéty ont ainsi fait cette remarque que, de deux espèce de phasmes de même taille, celui qui a un œuf plus petit fera généralement une ou deux mue de moins que l’autre.

Les conditions extérieures ne sont pas sans action sur le phénomène de la mue. Bien que cette question ait été encore peu étudiée, il semble que la température et l’humidité sont les deux facteurs qui influencent le plus la mue. Les Severin, qui ont étudié le Diapheromera femorata sur ce point, sont amenés à conclure qu’une température basse tend à diminuer le nombre de mues, l’élévation de la température agissant en ses inverse.


N.P. Arno : L’acquisition d’une petite station météo m’a permis de constater facilement un fait qui me semble intéressant. On peut entre autre « sentir » la mue arriver, comme chez d’autres espèces, modification du comportement, observation des bourgeons alaires, etc... Chez P. mocquerysi, chaque mue qu’il m’a été donnée d’observer se déroule lors d’une baisse de la pression atmosphérique. Ce fait est sans doute connu de certains qui l’ont observé chez d’autres arthropodes. Quant à moi je ne l’avais jamais remarqué jusqu’à présent car, tout simplement, rien ne me permettait de considérer ce facteur.

Conséquemment, je doute fort que ceci soit particulier à l’espèce P. mocquerysi, une question qu’on peut alors se poser, y-a-t’il une corrélation même infime entre la production d’ecdysone et la diminution de pression atmosphérique ? Si quelqu’un a une piste bibliographique, merci d’avance.

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