Description de trois individus intersexués (gynandromorphes) chez Oreophoetes peruana (SAUSSURE, 1868)
mardi 9 mai 2006
par Arno

J.M. Aubin

LE MONDE DES PHASMES n° 27-28 (Octobre-Décembre 1994) GROUPE D’ETUDE DES PHASMES

Voir ici quelques photos de gynandromorphes.

Après quelques années d’élevage, je possède quelques centaines d’Oreophoetes peruana (Saussure 1868) et, pour la première fois, le 01 janvier 1994, naquirent trois individus possédant à la fois la couleur jaune de la femelle et la couleur rouge du mâle. Cette couleur, chez les vrais mâles, n’apparaît qu’à la dernière mue.

Les descriptions varient d’un individus à l’autre quant à la disposition des couleurs ou la prédominance du rouge sur le jaune. Toutefois, on peut faire ressortir quelques traits généraux qui sont valables pour les trois phasmes :

- La tête est celle d’une femelle dans tous les cas, c’est à dire plus large que celle du mâle. Mis à part le fait qu’elle soit rouge orangé, elle porte les quatre taches noires triangulaires typiques qui n’existent pas chez le mâle.
- Les antennes sont longues et entièrement noires, sans la petite tache apicale blanche des femelles.
- Les pattes sont noires, sauf à l’articulation tibia-fémur, où apparaissent deux taches claires que l’on trouve chez les femelles mais qui sont absentes chez les mâles. Un des trois individus a des taches sur les pattes droites, mais non sur celles de gauche.
- De part et d’autre du corps (du thorax à l’abdomen) se trouve une ligne jaune clair typique des femelles mais que n’ont pas les mâles. Sur l’abdomen, la ligne médiane vert clair des femelles existe aussi, mais elle est moins vive que sur les véritables femelles.
- Les trois phasmes ne possèdent pas le renflement bulbeux caractéristique des mâles qui contient les organes sexuels et la "pince" (cerques) servant à l’accouplement.
- Dans l’ensemble, on peut dire que, mis à part la couleur rouge prédominante, les caractères femelles sont plus affirmés.

Après les avoir mis avec d’autres adultes, les trois individus s’accouplèrent... avec des mâles Deux avec des fréquences diverses, le troisième une unique fois et seulement après quatre mois de vie Les deux premiers individus présentèrent assez vite un gonflement de l’abdomen attestant la maturation des oeufs. Malheureusement, le premier mourrait assez vite, après une dizaine de jours, rapidement suivi par le second. Je parvins à extraire quelques oeufs, trois au total pour le premier, qui étaient "mûrs". Les autres, à l’enveloppe trop fragile, ne résistèrent pas. Dans le second individu, je ne trouvai que des oeufs sans coquille, non "murs" , qui séchèrent très vite. Le troisième individu n’eut jamais d’oeufs et jamais l’abdomen ne donna des signes de "grossesse".

Je crois que les "accidents" génétiques de ce genre sont peu nombreux, mais on doit en avoir davantage dans les élevages en nombre. Cela dit, chaque année, je me procure quelques nouveaux couples qui me permettent d’avoir une souche de qualité et d’éviter ainsi une certaine dégénérescence liée à la consanguinité. . Il y a quelques années, dans MDP n° 4 d’avril 1989, Paul Brock parlait d’un cas spectaculaire de gynandromorphisme chez Heteropteryx dilatata (Parkinson, 1798). Ces phénomènes restent rares et il serait intéressant de savoir si d’autres cas se sont produits chez d’autres espèces, dans quelles proportions et avec quelle fréquence.

N.D.L.R. : La dégénérescence liée à la consanguinité existe-t-elle vraiment, surtout en si peu de temps ? Il est peut-être plus probable que ce soit un problème alimentaire ou d’élevage qui fasse dégénérer les espèces. Certaines espèces parthénogénétiques dégénèrent aussi !

N.D.L.R. : Les gynandromorphes décrits sont nombreux et voici un aperçu de ce qui à été publié (il en existe certainement bien d’autres) :

Dans le Monde Des Phasmes :
Carausius morosusA. Deschandol n° 2, p. 13.
F. Gagnereaud n°n, p. 3-7.
V.Tamean°21. 13.
Clonopsis gallicaP. Leiongn0 24, 12-20
Extatosoma tiaratumE. Bruyère n°20, p.3-5
Heteropteryx dilatataP. Brock n°4, p. 24
Sipyloidea sipylus A. Deschandol n°2, p. 13

Dans les Newsletter du Phasmid Study Group :
Carausius morosusE. Blackwell 52:6
A. Deschandol 38:3
S. Springeit 39:5
E. & H. Bagshard 39:5
Eurycantha calcaratA. Symonds 55:3
Eurycantha sp. (PSG n0 44)N. Wadham 40:17
Heteropteryx dilatataJ. Stockley 55:3
F. Holloway 36:5
P. Brock 39:5-6
M. Herbert 40:12
Sipyloidea sipylusP. Inglis 37:8
A. Deschandol 38:3
B. Charman 44:9
D.Grimwade43:13

Dans différents articles il est aussi mentionné des gynandromorphes de Leptynia hispanica. A priori les gynandromorphes peuvent exister chez toutes les espèces de phasme. Puisque l’on les retrouve même chez des espèces où les mâles vrais sont inconnus, par exemple chez Clonopsis gallica, on a dans ce cas une idée de l’apparence du mâle qui a probablement existé à une autre époque.

Post Scriptum :
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