Discussion à propos de la vieillesse des Phasmes
jeudi 9 février 2006
par Arno
Emmanuel Delfosse 08/1998 - 3, Rue de Montmagny 95410 Groslay (Paru dans Entomon-Lettre du GEPAI n° 5, (juin 1998) )

Il est fréquent d’observer des Phasmes avec quelques appendices en moins, notamment en ce qui concerne les individus les plus âgées et les Espèces les plus fragiles au niveau de leurs appendices [Cranidium gibbosum (Burmeister, 1838) ; Phobaeticus serratipes (Gray, 1835) ; Bacteria Latreille 1825 sp. etc...].

D’ailleurs, en vieillissant, les Phasmes deviennent bien souvent plus foncés, ont des griffes, des tarses et même des membres locomoteurs manquants, des antennes brisées ou qui ont tout simplement disparues, l’oviscapte tordu ou brisé (pour les Espèces ayant un ovipositeur bien développé)...

Les Phasmes ont des membres et des antennes en général fragiles [c’est un peu moins observable chez les Phasmes dit " épais ", comme Eurycantha calcarata Lucas, 1869 ; Haaniella dehaani (Westwood, 1859) ; Heteropteryx dilatata (Parkinson, 1798) ; etc.] et c’est d’autant plus vrai lorsqu’ils sont sur la fin de leur vie.

Il est donc nécessaire de manipuler ces animaux avec précautions.

De même, la plupart des Phasmes apprécient un fort taux d’humidité, en dehors de quelques Espèces dont deux françaises [Bacillus rossius (Rossi, 1790) et Clonopsis gallica (Charpentier, 1825)] et une africaine (Gratidia Stal, 1875 sp. du Zaïre), par exemples. Les Phasmes sont souvent à la recherche d’eau. On peut observer que les Phasmes dont on s’occupait mal ou pas suffisamment avaient tendance à perdre des pattes et des antennes : elles étaient parfois grignotées. Ainsi, un manque d’humidité, des plantes nourricières pas fraîches ou carrément sèches, la surpopulation dans un terrarium (...) sont autant d’éléments néfastes au bon déroulement d’un élevage.

A contrario, certaines Espèces "stressent" facilement et il vaut mieux être prudent lorsqu’on les manipule car elles s’autotomisent facilement les pattes : Calynda brocki Hausleithner, 1987 ; Cranidium gibbosum ; Phobaeticus serratipes ; Phyllium bioculatum Gray, 1832 ; Phyllium celebicum (de Haan, 1842) ; Phyllium giganteum Hausleithner, 1984 ; etc.

Personnellement, je change désormais les plantes nourricières environ tous les 3 jours (en coupant la base en biseau, voire en la "mâchonnant" avec un sécateur), ne dispose que 3 ou 4 branches, sans les plier, évite la surpopulation, le mélange de certaines Espèces (Phasmes épais avec des Phasmes bâtons, par exemple) et dispose les Insectes dans un terrarium adapté (plus ou moins en hauteur, plus ou moins large suivant les besoins de chacun (certains Phasmes semblent apprécier des bacs de petite taille !). Je vaporise également un peu d’eau sur les plantes et légèrement sur le substrat à chaque fois que la nourriture est remplacée, de façon à éviter de pulvériser l’eau directement sur les animaux.

N’oublions pas que le manque d’humidité peut entraîner également des problèmes lors de la sortie exuviale : les antennes restent coincées et finissent par se briser, par exemple ; ou pire, l’animal lui-même reste prisonnier de sa propre mue et agonise pendant des heures, voire des jours si on ne l’a pas remarqué.

Certains Phasmes grignotent ici ou là un morceau d’abdomen, de patte ou d’antenne... La victime ne réagissant quelquefois guère, elle finit parfois par mourir de ses blessures

D’autres Phasmes sont des "monstres", sont anormaux pour telle ou telle raison et effectuent parfois de mauvaises mues. C’est le cas des gynandromorphes.

La régénération des antennes est plutôt limitée, plus lente que celle des membres locomoteurs, à moins qu’avec des conditions particulières, elles se brisent à un endroit précis, à la base des antennes et il repoussera alors des pattes !

Post Scriptum :

Références :

 Bragg P. (juin 1992). Les Coccinelles mangent des Phasmes, Le Monde des Phasmes n° 18 : 6.

 Chopard Lucien (1938). Dictyoptera, Phasmatodea, Ensifera, Mission scientifique de l’Omo, tome IV, fascicule 33, Edition du Muséum : 115.

 Delfosse Emmanuel (juin 1996). Cannibalisme et réflexions sur les Phasmes commettant des " erreurs ", Le Monde des Phasmes n° 34 : 14-16.

 Delfosse Emmanuel (juin 1996). Réponses aux questions de Nicolas Cliquennois (MDP n° 31, p 27), Le Monde des Phasmes n° 34 : 28-29.

 GEPAI (septembre 1998). Liste des Espèces de Phasmes du Phasmid Study Group : 2-4.

 Leclercq Anne (septembre 1995). De l’eau ! ! !, Le Monde des Phasmes n° 31 : 18-19.

 Lelong Philippe (octobre 1990). Identification et biologie des Phasmes français, Le Monde des Phasmes n° 9-10 : 7.

 Lelong Philippe (juin 1995). Ramulus sp. PSG n° 141, Le Monde des Phasmes n° 30 : 28.

 Machet Jean-François (juin 1998). Pourquoi retrouve-t-on des spécimens adultes avec des antennes amputées ? Quel est ce comportement ?, Lettre du GEPAI n° 5 : 5.

 Phasmid Study Group Culture List (december 1997) : 1-4.

 Rigout J. (1975). Elevage des Phasmes, Editions Science Nat : 8.

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