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Le Monde des Insectes

Le site et le forum insecte.org sont le lieu de rencontre de tous les passionnés d’insectes, quels que soient leur niveau, leur approche et leurs objectifs.

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Il privilégie un esprit de convivialité, sans imposer de hiérarchie officielle, pour que les discussions puissent s’enrichir librement aussi bien des erreurs des uns que des explications patientes de ceux qui en connaissent plus.

ANIBARA

Association humanitaire et scientifique pour le Burkina Faso.

L’association s’est basée depuis sa création sur la construction et la mise en œuvre d’un petit campement au sud ouest du Burkina, près de Banfora : le Tilapia.
L’écotourisme et les expéditions scientifiques sont les ingrédients du succès de ce petit campement.
L’association cherche aussi à favoriser les échanges scientifiques entre les muséums de Ouagadougou et de Paris.
L’association vise également à promouvoir l’écotourisme et l’environnement, en diffusant des plaquettes dans les offices de tourisme et dans les associations naturalistes françaises.

Siège : Quartier Saint Pancrace, 3241 route de Très 06440 l’Escarène
anibara@hotmail.fr

Pour que dansent les Phyllies
Article initial en 4 parties
dimanche 4 mars 2007
par brunob , Arno

Le Monde des Phasmes n°19, pp. 16-21 (octobre 1992)


En parcourant les 18 numéros du "Monde Des Phasmes" parus jusqu’à ce jour on constate que près de la moitié d’entre eux contiennent tantôt une simple note, tantôt un article de fond se rapportant aux différentes espèces de Phyllies.
Les auteurs se nomment A. Deschandol, F. Langlois, P. Matyot, M. Vergne et j’en oublie. Toutes ces publications reflètent l’attrait particulier de ces insectes dû au fait qu’ils ont poussé à un degré incroyable leur ressemblance tant par la forme que par la couleur avec une feuille. Les phyllies partagent avec les papillons de jour et les coccinelles le privilège d’être aimées de tous, en particulier des enfants qui leur prodiguent parfois de touchantes marques d’affection. Et puis, on ne peut rester insensible à la façon dont elles se trémoussent en se livrant à une sorte de marche chaloupée des plus comique et gracieux effet. « Insectes feuilles » dit-on en anglais, « feuilles qui marchent » en allemand. On est tenté de voir dans cette analogie avec le monde végétal un moyen qu’aurait trouvé l’insecte de se fondre dans le milieu environnant afin d’échapper aux prédateurs probablement que sont les oiseaux. Mais, il s’agit là d’une interprétation quelque peu antropomorphique qui postule que les oiseaux aient la même vision que nous, or rien n’est moins sûr. A défaut d’armes de dissuasion, beaucoup d’animaux et en particulier les insectes cherchent leur salut dans l’immobilité. Que signifie alors la "danse" collective à laquelle se livrent parfois les phyllies au risque de signaler ainsi leur présence à l’attention des prédateurs ?

Par ailleurs, si, grâce à la perfection de leur camouflage les phyllies parvenaient à leurrer tous leurs prédateurs, elles pulluleraient. Or, c’est loin d’être le cas, comme les autres phasmidés, les phyllies ne sont guère communes dans leur habitat, en l’occurrence la forêt tropicale humide.

La plupart des publications relatives aux phyllies font état des difficultés et des déboires que rencontrent les membres du G.E.P. ou du P.S.G. dans leurs tentatives de maintenir les espèces les plus courantes. Si l’on veut que les Phylliidae soient un jour aussi communs dans nos élevages que le sont les Lonchodinae ou les Eurycanthinae. il faut d’une part diffuser toutes les informations recueillies par les éleveurs chanceux et, d’autre part, distribuer des oeufs à tous ceux qui ont acquis de l’expérience avec des espèces "faciles" et qui désirent s’essayer à un élevage plus délicat. Plus nombreux seront les éleveurs, plus grande sera la chance de voir ces espèces s’implanter solidement. C’est, je crois, le sens des conclusions que donne à ses articles A. Deschandol. Dans le "Monde Des Phasmes" n° 6 page 17 et n° 7 page 15 cet auteur énumère, non sans humour, tout ce qu’il a tenté ou omis de faire pour la prospérité des espèces, sans que la réussite ait toujours récompensé ses efforts.

NAISSANCE D’UNE PASSION ET CE QUI S’ENSUIVIT

En 1986, je ramenais non sans peine en Europe toute une ménagerie de grands insectes en provenance du Cameron-Highlands (Malaisie). Parmi ceux-ci deux grandes Phyllies (P. siccifolium ?). Je ne parvins plus à les nourrir quand fut épuisé le bouquet de feuilles de goyavier cueilli à leur attention. Ces deux insectes vécurent néanmoins assez longtemps et pondirent quelques oeufs dont plusieurs ont éclos. En dépit des problèmes de nourriture, deux des trois générations se succédèrent mais le taux d’éclosion et de survie de jeunes nymphes allait en diminuant et l’espèce finit par s’éteindre. Mais j’avais contracté le virus pour ces mignonnes bestioles !

Automne 1991, la chance devait me sourire : Comme chaque année, depuis plus de 60 ans, se tient à Baie (Suisse alémanique) une bourse d’entomologie. Venus d’Allemagne, plusieurs vendeurs - des éleveurs - y proposaient du matériel vivant. La rareté faisant leur prix, j’ai acquis contre pas mal d’argent trois femelles adultes : une Phyllium giganteum, une Ph. celebicum et une Ph. bioculatum ainsi que les oeufs de cette dernière espèce. Que leur advint-il ?

La Ph. giganteum pondit une vingtaine d’oeufs brun-noirs, identiques à ceux décrit dans l’article de B. Hausleithner traduit par M. Vergne (n° 6 page 16). Six mois plus tard quatre oeufs seulement avaient éclos donnant naissance à des femelles (le mâle de Ph. giganteum n’a pas encore été décrit mais existerait). Au moment où j’écris ces lignes (mi-août 92) ces quatre jeunes vivent toujours mais semblent bien fragiles. Elles ne grandissent que très lentement n’ayant subi que trois mues jusqu’à ce jour. La Ph. bioculatum se révéla être une excellente pondeuse. Lorsqu’elle périt, début mai, j’avais récolté près de 250 oeufs. Des oeufs beiges très typiques, caractérisés par cinq arêtes bien marquées. Ces oeufs ont été recueillis en vrac, sans tenir compte de la chronologie de la ponte. Après six mois d’incubation, ces oeufs se sont mis à éclore à la cadence de 4 à 5 par jour, soit au rythme auquel ils avaient été pondus six mois auparavant. Comme les heureuses naissances se sont poursuivies deux mois durant, on peut en conclure que le taux de natalité fut voisin de 100.

A sa naissance, la jeune Ph. bioculatum est une ravissante et vive petite créature, de teinte rouge sombre, qui explore son univers sans se lasser, des heures durant. Avec le temps, elle se calme, sa teinte vire au brun puis elle acquiert sa couleur verte définitive. La première partie de la vie des jeunes phyllies est très critique : près de la moitié d’entre elles meurent avant la première mue pour des raisons qui ne sont pas toujours évidentes.

La femelle Ph. celebicum est facile à identifier par le fait qu’elle cache sous, ses élytres une paire d’ailes bien développées, contrairement aux femelles des autres espèces. Elle pondit un certain nombre d’oeufs ayant l’aspect d’un petit "jerrican" déformé comme le dit A. Deschandol (n° 12 page 12). L’incubation étant très courte - 3 mois - et la croissance des jeunes très rapide, cette femelle fit connaissance, si l’on peut dire, de sa progéniture, à savoir trois femelles et un mâle. L’aspect de ce dernier est très caractéristique : pourvu d’ailes qui lui permettent de voler, son corps est allongé, beaucoup plus étroit que celui des femelle. Il est doté de longues antennes (voir article précité page 10).

Dans une enceinte où règne une température de 26°C et une humidité relative de 80%, bien nourri de feuilles de ronce souvent renouvelées, ce petit monde semblait se porter à merveille. Que croyez-vous qu’il advint ?

Notre mâle précité se révéla être un très actif « Don Juan ». Ses trois soeurs n’ayant pas encore subi leur mue imaginale, soit la dernière, par laquelle elles acquièrent leurs ailes et deviennent adultes, il ne parvint pas à s’accoupler avec elles. Il tenta alors sa chance auprès de la quatrième femelle qui n’était autre que sa mère. L’inceste fut consommé mais pour elle, ce fut fatal. Elle pondit encore quelques oeufs mais un jour plus tard, je la trouvais morte, couchée sur le dos, les six pattes en l’air. L’émotion avait peut-être mis fin à sa vie déjà longue ! Les jours passant, « Don Juan » s’intéressa alors aux deux aînées de ses soeurs devenues adultes entre temps. Elles acceptèrent ses hommages et pondent depuis des ribambelles d’oeufs. L’avenir de l’espèce est assuré ! Et qu’advint-il de la cadette ? Elle rata sa dernière mue, s’empêtra dans son exuvie, perdit une patte antérieure. Son air minable ne découragea pas « Don Juan ». La pauvrette ne résista pas à ses assauts et périt le lendemain.

Egalement présentes dans l’enceinte, les quatre jeunes Ph. giganteum, pourtant mignonnes ne semblaient nullement intéresser notre « Don Juan » par contre son attention semblait se porter sur une ravissante P. bioculatum devenue récemment adulte. A ce stade du récit, je vais être accusé d’être victime de mon imagination ; voici cependant les faits : A chaque tentative d’approche, « Don Juan » en était empêché par ses deux sœurs qui faisaient positivement barrage de leur corps. La jalousie existerait-elle chez les insectes ? « Don Juan » parvint cependant à déjouer leurs manoeuvres et à s’approcher de Ph. bioculatum. Il lui fallu un moment pour réaliser qu’il n’avait rien à espérer d’elle, tout comme moi qui avait escompté un bien improbable hybride. Chez les insectes, la spécificité des espèces est une règle qui ne connaît que peu d’exception. On sait que chez les phyllies, la vie du mâle est plus brève que celle des femelles. Peut-être épuisé par ses exploits. « Don Juan » expirait quelques jours plus tard. Collègues éleveurs : II vous suffit d’héberger dans un même vivarium trois espèces de phyllies voisines dont les représentants sont en cours de croissance pour vivre en direct les épisodes d’un feuilleton plein de rebondissements. Et puis, la récolte et le tri des oeufs est une bien amusante activité.

Soit dit en passant, aucun des œufs achetés, à la bourse de Baie n’a éclos à ce jour en dépit des conditions favorables de stockage ; ils sont probablement "stériles".

SOYONS SERIEUX

Après ces digressions tant soit peu romantiques, les lignes qui suivent seront consacrées à quelques observations personnelles relatées pêle-mêle, qui devraient compléter ou confirmer ce que d’autres auteurs ont écrit à propos des phyllies. Des déboires seront peut-être ainsi épargnés aux nouveaux éleveurs.

  • LES OEUFS

Humidité et température On a beaucoup écrit sur les conditions de stockage des oeufs qui favoriseraient les éclosions. Les nombreuses naissances qui se sont produites à un rythme régulier durant plusieurs semaines m’ont permis de faire d’utiles et parfois d’étranges observations.

L’humidité et la température sont deux facteurs qu’il faut contrôler avec soin pour tenter de recréer un micro-climat analogue à celui dans lequel vivent les phyllies. On doit garder à l’esprit que ces espèces ainsi que leurs oeufs présentent, à l’encontre des autres phasmidés, une très grande surface d’échange avec le milieu ambiant. Le risque de dessèchement est donc beaucoup plus élevé. Une température de 26 à 28°C et une humidité relative de 80 à 90% sont favorables à l’incubation mais ces conditions deviennent impératives au moment présumé de l’éclosion. La preuve m’en a été donnée à maintes reprises. Dans les conditions précitées les naissances de Ph. bioculatum avaient lieu au rythme de 4 à 5 par jour. A titre expérimental, il a suffit de ramener la température à 22°C et l’hygrométrie à 70 pour que plus aucune naissance ne se produise. Elles ont immédiatement repris lorsque les conditions favorables ont été rétablies. On dit parfois qu’il faut conserver les oeufs sur du sable ou de la tourbe humide. C’est courir le risque de les voir se couvrir de moisissures. Le mieux est de les disposer dans une boîte de Pétri, non couverte, en une couche, pour faciliter les éclosions.

On observe parfois sur les oeufs la présence de très petits animaux presque incolores. Ce sont des Collemboles qui comptent parmi les insectes les plus primitifs. Etant végétariens et détritivores, ils sont d’utiles auxiliaires pour empêcher le développement éventuel des moisissures. Un mystérieux signal

On sait qu’une poule qui couve s’arrange pour que ses poussins naissent presque simultanément alors même que les oeufs ont été pondus à plusieurs jours d’intervalle. Un mystérieux signal semble déclencher les éclosions. Quelque chose d’analogue s’observe avec les oeufs de Ph. bioculatum. Toutes les éclosions, sans exception, se sont produites entre 9 heures et 11 heures du matin : jamais avant, jamais plus tard. La première idée qui vient à l’esprit est que la lumière du jour est le facteur déterminant. Eh bien non ; dans la plus complète obscurité les oeufs éclosent à l’heure fatidique si les conditions de température et d’humidité sont respectées !

  • L’ECLOSION

Puisque les phyllies naissent presque à heure fixe, il devrait être courant d’assister à une éclosion.

Erreur : une inattention de quelques secondes et déjà un nouveau-né arpente le vivarium en tous sens. On en conclu que l’événement a dû être très rapide. Pour l’observer - et cela en vaut la peine - il m’a fallu placer la boîte de Pétri sous l’objectif de mon microscope binoculaire et ... attendre. En parcourant du regard le contenu de la boîte on voit soudainement un capitulum se soulever. Une zone rouge se forme à la ligne de jonction avec l’oeuf, puis plus rien ne se passe durant plusieurs minutes. Brusquement, le capitulum est rejeté, le thorax apparaît, puis la tête, puis une à une, les trois paires de pattes au moyen desquelles l’insecte tente de s’extraire de l’oeuf. Tout le processus n’a pas duré plus d’une vingtaine de secondes. Cette émergence de la vie vous laisse admiratif et pantois. Un amateur de photomacrographie saura-t-il fixer l’événement ? Ce serait un exploit !

  • PLANTE NOURRICIERE

Avec quoi faut-il nourrir les jeunes phyllies ? La question du choix de la plante nourricière préoccupe toujours les éleveurs. Plusieurs Rosacées ont été proposées, en particulier l’aubépine dont les jeunes phyllies semblent très friandes. Toutefois, expérience faite, il semble avantageux de proposer de la ronce aux jeunes phyllies dès leur naissance. Les trois espèces précitées l’acceptent. Ce faisant on est assuré de pouvoir donner de la nourriture fraîche durant la période hivernale.

Une remarque : Les tendres feuilles vert-clair qui garnissent l’extrémité des tiges et qui nous paraissent bien appétissantes sont toujours boudées par les phyllies, jeunes ou adultes. Elles contiendraient une substance plus ou moins toxique.

Il est bon d’insister sur le fait qu’il faut toujours laver (doucher) les feuilles de ronce. Selon les lieux où elles ont été récoltées, au bord d’une route ou en lisière d’un champ cultivé, elles peuvent être contaminées par du plomb ou par des pesticides. Vérifier aussi que les feuilles n’abritent ni fourmis ni araignées.

  • LA MUE

Comme les autres phasmes, les phyllies grandissent à la faveur de plusieurs mues. Cinq ou six en général. Quiconque a eu la bonne fortune d’observer les différentes phases de la mue d’une phyllie se souviendra longtemps de l’extraordinaire spectacle auquel il a assisté. La séquence se déroule ainsi :

    • Lorsque le moment de muer approche, l’insecte cesse de s’alimenter et cherche un support élevé par rapport au sol, auquel il puisse se suspendre par les pattes antérieures.
    • La cuticule de son thorax se fend longitudinalement.
    • Passant à travers la fente en procédant à reculons, l’insecte s’extrait totalement de son ancienne enveloppe à la façon d’une main qui sort d’un gant.
    • Epuisé par cette délicate manoeuvre, l’insecte demeure un temps suspendu par les pattes antérieures à l’enveloppe vide appelée exuvie.
    • Dans cette situation l’insecte va grandir d’une façon extrêmement rapide. La croissance est visible à l’oeil nu. Il va atteindre sa nouvelle taille en une vingtaine de minutes !
    • Sa nouvelle cuticule s’étant solidifiée au contact de l’air et ayant repris des forces, l’insecte cherche à regagner son support en grimpant le long de l’exuvie.
    • Chemin faisant, il lui arrive de dévorer totalement ou partiellement son exuvie.

Leur anatomie foliacée complique singulièrement la mue des phyllies. Elles y laissent souvent une ou plusieurs pattes ou un fragment d’antenne (les mâles). Il arrive fréquemment qu’une phyllie demeure prisonnière de l’exuvie, le corps déformé ou les pattes empêtrées. L’exuvie et la nouvelle cuticule s’étant durcies à l’air, la malchanceuse bestiole demeurera infirme à vie. Si l’on intervient à temps et très délicatement, il est parfois possible de libérer l’animal de ses entraves. Sans intervention, une phyllie qui tombe sur le sol durant la mue est perdue. Il en va de même si le support qu’elle a choisi n’est pas assez éloigné du sol. C’est la raison pour laquelle il faut toujours prévoir des bacs d’élevage d’une hauteur suffisante (un petit aquarium désaffecté ne convient pas).

  • SE NOYER DANS UNE GOUTTE D’EAU

Faut-il ou ne faut-il pas pulvériser de l’eau dans les bacs d’élevage ? Questions que bien des éleveurs se sont posées. La pulvérisation est efficace pour assurer une hygrométrie convenable. Par ailleurs, on voit souvent des phasmes venir s’abreuver à même les gouttes.

Dans le cas de jeunes phyllies, surtout si elles viennent d’éclore, je déconseillerais vivement cette pratique. Les lois de la capillarité font qu’une jeune phyllie qui entre en contact avec une surface mouillée est littéralement collée à la paroi du bac en raison de la grande surface de son corps. Elle ne peut plus se déplacer et meurt, proprement noyée dans une goutte d’eau.

Dès lors, comment obtenir une hygrométrie de 80 à 90% ? La méthode la plus indiquée me semble la suivante :

      • remplir le fond du bac d’une couche de sable gorgée d’eau et la recouvrir d’une feuille de buvard surmontée d’une feuille de "papier de ménage".
      • tapisser une des parois du bac avec une feuille de buvard qui plonge dans le sable mouillé, elle agira comme une mèche et augmentera encore l’humidité en s’évaporant.

Remarques : Les jeunes phyllies se promènent volontiers sur ces surfaces humides sans risquer la noyade. Pour "faire le ménage" et récolter les oeufs rien de plus facile : on change le papier.

      • Réduire à très peu de chose les échanges gazeux avec l’extérieur. La photosynthèse des plantes diurne fournit assez d’oxygène.
      • La vie d’une phyllie, jeune ou adulte, peut se dérouler à la température ambiante (20 à 25°C). Les éclosions, par contre, ne semblent assurées qu’à une température comprise entre 26 et 28°C, voire 30°C. Cette température ne peut être maintenue en toutes saisons qu’au moyen d’un corps de chauffe électrique. Les éleveurs ingénieux et tant soit peu bricoleurs sauront installer un chauffage par résistance en basse tension. La puissance à installer est fonction du volume du bac d’élevage. On peut l’estimer à environ 1 W par litre. Bien commodes sont aussi les systèmes munis de thermostat qu’utilisent les aquariophiles. Quoi qu’il en soit, le chauffage doit être disposé de telle façon que les jeunes nymphes ne puissent en aucun cas s’approcher de la source de chaleur car elles se laisseraient "rôtir" sur place plutôt que de s’en éloigner.

Autres remarques : Durant les premières semaines de sa vie, la jeune phyllie préfère s’ébattre dans un espace restreint où elle aura moins de difficulté à trouver sa nourriture. Une "nurserie" de un à deux litres peut abriter une vingtaine d’individus, qui semblent trouver du plaisir à cette promiscuité. En revanche, il peut être prudent de répartir les insectes dans plusieurs enceintes pour réduire les risques de perdre tout l’élevage en cas d’épidémie.

  • CONCLUSION

De ce qui précède, on retiendra que l’élevage ab ovo des phyllies nécessite certainement plus d’attention que celui des autres phasmidés. Et encore, ne fut-il pas question des problèmes liés à la diminution de la fécondité au fil des générations, ni des maladies qui peuvent survenir sans raison apparente, ni des parasites. Pas plus que de la perte d’une ou deux pattes par suite d’une manipulation trop brusque et qui empêche l’insecte de se nourrir correctement.

L’élevage des phyllies est certes plein d’aléas et il y aurait de quoi se décourager comme le déplore notre ami A. Deschandol. Il faut cependant persévérer car tôt ou tard on finit par se lasser de l’élevage d’espèces trop faciles dont les représentants vous envahissent.

Pour finir : Quelques conseils pour démarrer un élevage :

      • Ne pas se laisser tenter par l’achat d’un petit nombre d’oeufs. Ils sont chers et souvent stériles, ayant été stockés dans de mauvaises conditions.
      • Acheter éventuellement des nymphes tout en sachant qu’une part d’entre elles ne parviendra pas au stade adulte et que les mâles et les femelles n’atteindront sans doute pas la maturité sexuelle au moment propice à assurer l’avenir de l’espèce.
      • Se procurer, même au prix fort, une femelle qui à commencé à pondre. Recueillir quelques centaines d’oeufs et les stocker dans de bonnes conditions. Les premières éclosions interviennent six mois plus tard (trois mois pour Ph. celebicum). Cette espèce est, de loin, la plus tolérante.

On peut être choqué par les prétentions financières des marchands mais il faut bien considérer que ceux-ci vivent de leur négoce, qu’ils louent, parfois cher des places de vente dans les bourses, qu’ils s’approvisionnent auprès de "dealers" orientaux ou sud-américains, quelquefois malhonnêtes mais toujours assez gourmands. Enfin que ce sont des éleveurs qui, comme nous, connaissent l’échec.

 
Post Scriptum :
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