Un incubateur à eau chaude - Guilhem BERNARD / LE MONDE DES PHASMES n° 29 (Mars 1995)
En réponse à l’article de Guilhem Bernard : Les difficultés de la création et de l’installation de l’incubateur idéal - Emmanuel Delfosse / LE MONDE DES PHASMES n° 34 (Mars 1996)
Le retour de l’incubateur à eau chaude. Guilhem BERNARD, Revue Entomon/GEPAI 1998
Guilhem BERNARD / LE MONDE DES PHASMES n° 29 (Mars 1995)
Mots-clés : Incubateur, Oeufs, Elevage, Technique.
Eleveur de phasmes (Carausius morosus (Sinéty, 1901), Phenacephorus conucervi Brunner, 1907, Clonopsis gallica (Charpentier, 1825), ...), j’ai conçu un incubateur afin de faire éclore les oeufs dans les meilleurs conditions possibles. Son installation étant récente, les résultats se font attendre et je soumets donc le schéma (figure n° 1) du dispositif à tous les lecteurs du Monde des Phasmes afin d’avoir leur opinion.
Le tout est réalisé dans un aquarium en matière plastique facilement trouvable dans le commerce et pour une somme modique. Vous pouvez aussi le fabriquer (si vous êtes bricoleur).
Principe de fonctionnement
L’eau chauffée monte par capillarité via les éponges jusqu’au papier absorbant et confère aux oeufs une humidité et une température qui me semblent adéquates.
Notes
Personnellement, j’utilise un aquarium de 32 x 17 x 18 cm et un chauffage de 25 W.
Les avantages de ce dispositif sont, à mes yeux, le faible prix du récipient utilisé et surtout du chauffage. En effet, les appareils chauffants immergés restent moins onéreux que les résistances fonctionnant dans la terre ou à l’air libre. Bien entendu, des réglages thermiques et hygrométriques sont à effectuer (diminution ou augmentation de l’évaporation des éponges, du niveau de l’eau, ...) selon les conditions désirées.
Si de la moisissure se forme, celle-ci peut être éliminée en tapotant la tache avec un coton tige imbibé d’eau de Javel, après avoir écarté les oeufs. J’aimerais, à ce propos, avoir l’avis des lecteurs du Monde Des Phasmes sur les éventuels risques qu’occasionneraient les déplacements des oeufs ; pour ma part, je n’ai pas relevé de différence notable.
Merci.
N.D.L.R. : Ce système d’incubation est déconseillé pour les oeufs de Clonopsis gallica, car ils supportent très mal l’humidité (tout comme pour les genres vivant en milieu sec : Bacillus, Ramulus, Leptynia, Buria, ...) et de plus il faut les mettre au froid en hiver (voir l’article P. Lelong (1988) Clonopsis gallica : Etude de la quantité de froid nécessaire pour lever la diapause (Monde Des Phasmes, 2 : 9-10.). Pour ce qui est de l’utilisation de l’eau de Javel, il est peut être préférable dans ce cas de changer la feuille de papier absorbant, après le nettoyage à l’aide d’un pinceau des oeufs contaminés. Pour ce qui concerne le déplacement des oeufs, il ne semble pas y avoir d’inconvénient à les déplacer et à les manipuler.
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Emmanuel Delfosse / LE MONDE DES PHASMES n° 34 (Mars 1996)
Mots-clés : Elevage, Incubateur, Température, Humidité.
Réponse à l’article de Guilhem Bernard : "Un incubateur à eau chaude" paru dans Le Monde Des Phasmes n° 29, pages 12 et 13.
C’est une bonne initiative que Guilhem Bernard ait voulu mettre en place un incubateur simple à construire et facile d’emploi. Je crois quant à moi que rien ne vaut le simple système "D" pour reproduire ce qui se passe dans la nature. Mais ce n’est qu’une conviction personnelle. Je me permettrai tout de même quelques remarques à propos de cet incubateur.
Chaque nouvelle solution amène toujours des difficultés nouvelles. Mais, il ne faut pas laisser "tout tomber" pour autant, bien au contraire, il faut persévérer et communiquer les résultats des expériences personnelles.
Personnellement, je favorise la circulation d’air grâce à un fin grillage en plastique. Les échanges gazeux sont très importants pour le bon développement des embryons. Je ne sais pas si la plaque de Plexiglas, même percée de trous, est conseillée, surtout avec une température de 25°C. Cette température semble d’ailleurs trop élevée, 21 ou 22°C, me parait idéal et peut satisfaire la plupart des phasmes. Une température élevée semble fragiliser les insectes. L’embryon va sûrement se développer plus vite, mais le jeune risque d’être plus fragile, il y aura certainement plus de pertes au niveau des jeunes. Le risque d’avoir une mauvaise mue à la sortie de l’oeuf sera peut être plus important. Les champignons se développeront également plus vite, des mouches aussi (des détritivores qui envahissent parfois les élevages), des acariens... Il ne faut pas oublier également que 25°C dans la nature ce n’est pas équivalent à 25°C dans une pièce fermée et encore moins dans un petit récipient et ce malgré ce que vous affirme votre thermomètre. La température a un impact souvent bien plus important que ce que l’on croit. Dans la nature la température varie souvent et parfois de manière importante, chaude le jour et glacée la nuit, même dans certains pays tropicaux. Je suis favorable à des changements de température et ce de façon irrégulière. De plus, suivant les espèces, il faudra choisir une humidité plus ou moins importante.
Pour compléter la note de la rédaction, ce système d’incubation ne convient pas non plus pour Anisomorpha paromalus (Hebard, 1932), Pseudophasma rufipes (Redtenbacher, 1907), Pseudophasma sp. (Kirby, 1896), Oreophoetes peruana (Saussure, 1868) qui nécessitent une incubation sur de la terre humide (du terreau par exemple) et dans le terrarium des adultes, Heteropteryx dilatata (Parkinson, 1898), Haaniella echinata (Gûnther, 1944), Haaniella muelleri (De Haan, 1842), Haaniella dehaani (Westwood, 1859) qui nécessitent une incubation plutôt sèche sur de la terre, etc.
REFERENCES
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Guilhem BERNARD - Revue Entomon/GEPAI 1998
Je tiens tout d’abord à remercier M. Delfosse pour avoir pris la peine d’apporter son jugement concernant mon incubateur décrit dans le numéro 29 du "Monde des Phasmes".
Il est vrai que cette technique trop restrictive ne permettait l’éciosion que d’un petit nombre d’espèces. Mais je n’ai absolument pas laissé tomber, bien au contraire. Je suis aujourd’hui en mesure de donner la description d’un incubateur adapté à un grand nombre de phasmes.
La première version entretenait une atmosphère beaucoup trop humide. Le problème a été résolu grâce à certaines modifications.
Mais rappelons le principe général.
Il s’agit de remplir un petit aquarium à environ 1/3 de sa hauteur et d’y placer un chauffage électrique. Une plaque située juste au-dessus de l’eau permettra d’y disposer les récipients dans lesquels les œufs vont incuber.
Incubateur à eau chaude.
Légende :
Précisions utiles :
Maintenant, libre à vous de faire incuber vos œufs sur du sable, du papier absorbant ou du terreau. Les boites contenant le substrat et les oeufs sont posées sur les baguettes et peuvent même être superposées, créant ainsi des gradients de température.
Ne pas oublier de vérifier régulièrement l’hygrométrie dans les récipients contenant les œufs.
Conclusion :
Ce dispositif me donne entière satisfaction et je l’utilise pour la quasi-totalité de mes oeufs. Carausius morosus (Sinéty, 1901), Aretaon asperrimus (Redtenbacher, 1906), Extatosoma tiaratum (Macleay, 1827), Heteropteryx dilatata (Parkinson, 1798), Epidares nolimetangere (de Haan, 1342), Bacteria Latreille, 1825 sp., Acrophylla wuelfingi (Redtenbacher, 1908).
Bien entendu, le taux d’humidité requis varie selon les espèces.
Remarque :
J’utilise un système identique pour élever les jeunes en mettant un terrarium plus petit sur les baguettes.
Références :
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